Le film démarre sans préambule ni présentation: inculpé et détenu pour le double meurtre de son épouse et de son amant, le dénommé Sommet (Jean-Claude Pascal) fait des allers et retours chez le juge d'instruction, accompagné de sa jeune et charmante avocate. C'était le temps où le coupable d'un crime de jalousie, d'un crime "passionnel", pouvait toujours espérer un acquittement...
Si le meurtre ne fait pas de doute, c'est la préméditation qu'essaie d'établir le juge interprété par Jean Desailly. Et il faut reconnaitre que le juge n'est pas sans arguments. A tel point que les indices qui accablent Sommet nous feraient penser que celui-ci est innocent, suivant un possible rebondissement scénaristique. On verra bien à la fin.
L'adaptation de ce roman de Frédéric Dard est sobre; elle permet de produire des portraits plutôt réalistes et d'établir une relation triangulaire -juge, accusé, avocate- qui semble de bon sens. Le réalisateur André Berthomieu film souvent les visages en gros plans pour y dévoiler des émotions ou, inversement, l'absence d'émotion. Les dialogues sont généralement judicieux. De telle façon que le sujet, qui se résume pour l'essentiel à une conversation dans le cabinet du juge ou en cellule, conserve sa vraisemblance.
Et puis, patatras. La dernière partie du film s'effondre dans le raccourci et la facilité, principalement d'un point de vue humain et psychologique. C'est le retour au vieux réflexes du cinéma de papa. Berthomieu détruit la plausibilité qui donnait du crédit à sa mise en scène. Ça ne remet pas tout en cause mais c'est dommage.