Boudoulaï ou Volodia est éleveur de chevaux yakoute, quelque part en Sibérie. Il a la quarantaine et reste célibataire. S’il semble plus ou moins satisfait de sa vie, on remarque quand même qu’il parle à son cheval comme si celui-ci le comprenait. Ayant économisé, Volodia a décidé de faire un saut en ville. Celle-ci n'étant jamais nommée dans le film, j'ai cherché sur une carte, ce pourrait être Iakoutsk. Son objectif est d’acheter un fusil de qualité. En effet, Volodia est chasseur.
Un chasseur en ville, voilà la situation que le réalisateur Stepan Burnashev exploite avec plus ou moins de bonheur. Il adapte un classique de la littérature sibérienne, la nouvelle éponyme Premier amour de l’écrivain yakoute Nikolaï Gabyshev, à ne pas confondre donc avec le récit d’Ivan Tourgueniev. N’ayant pas lu ni Gabyshev ni Tourgueniev, il m’est impossible de dire quelle degré de fidélité le film peut apporter.
Le film vise le genre de la comédie romantique. Autant dire que si ses intentions apparaissent rapidement, on remarque aussi quelques éléments dont l’incohérence semble due à un mélange de manque de rigueur dans l’écriture du scénario qu’une certaine naïveté dans la conception du cinéma. Tout cela peut-être du au public local auquel le film était destiné à l’origine. Exemple avec la façon dont Volodia tombe sur Ekaterina et surtout la façon dont celle-ci le traite en l’emmenant chez elle. On sent très rapidement l’intérêt de Katia pour Volodia, pourquoi pas même si cela ne correspond pas vraiment à ce qu’elle dit un peu plus tard : ne pas supporter la vie en dehos de la ville. En voyant Volodia, elle pourrait d’emblée comprendre que celui-ci ne connaît pratiquement pas la ville, qu’il vit à l’écart. Ce qui laisse vraiment perplexe, c’est la façon dont elle s’entoure, un faux médecin et des hommes à tout faire qui sortent plus ou moins de nulle part. On comprendra plus tard qu’elle agit en femme d’affaires et qu’elle fait son possible pour éviter des histoires qui pourraient nuire à ses affaires.
Bref, on a droit à une comédie qui manque un peu de finesse, même si on peut s’en amuser gentiment. Reste l’aspect romantique. Entre Volodia et Katia, ce sont des retrouvailles, car ils ont des souvenirs d’école en commun. De plus, chacun représente son premier amour pour l’autre. Mais, depuis une vingtaine d’années, leurs chemins se sont largement écartés. Seront-ils capables de renouer de façon satisfaisante ? Et, pour cela, seront-ils capables de se livrer de manière suffisamment honnête, pour se donner une vraie deuxième chance ?
Le réalisateur a la sagesse de ne pas chercher à étirer son film. Malgré quelques rebondissements et des moments d'émotion, je suis déçu par le manque de paysages et même de plans dans la nature, pourtant Volodia vit à l'écart. C'est décevant, car le film est présenté comme une rareté, malheureusement il n'apporte pas grand-chose d'original. L'interprétation est à l'image de mon ressenti général, pas terrible. Quand à l'histoire, elle est d'un intérêt tout relatif. On est à des milliers de km de 14 ans premier amour qui dégage une vraie personnalité, avec une mise en scène et des personnages marquants.