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Premier contact réussi entre le réalisateur canadien Denis Villeneuve et le genre SF. Il est difficile de ne pas voir son film Premier Contact comme une sorte de test avant la sortie de son Blade Runner 2049 prévue en 2017 et dont le premier trailer vient d’être dévoilé. Villeneuve parvient à démontrer une impressionnante capacité de touche-à-tout, passant sans difficulté du thriller à la science-fiction en passant par le drame.
Lorsque douze vaisseaux extraterrestres apparaissaient à divers endroits du globe, les gouvernements font appel à de nombreux scientifiques afin de découvrir les intentions de ces visiteurs. Sont-ils venus en paix ou représentent-ils une menace pour l’humanité ? Une course contre la montre s’engage pour découvrir la réponse à cette simple question. Aux Etats-Unis, le gouvernement fait appel à Louise Banks, spécialiste du langage, et au physicien Ian Donnelly pour parvenir à communiquer avec les extraterrestres.
Le film apporte beaucoup de sang neuf au genre car Denis Villeneuve s’affranchit avec habileté de nombreux codes et apporte certains éléments totalement nouveaux. Il insère par exemple le dilemme du prisonnier, un principe défini par Albert Tucker basé sur la coopération ou la trahison de deux personnes arrêtées pour un crime. Si l’un dénonce l’autre, il est remis en liberté alors que son complice écope de la peine maximale de 10 ans. Si les deux se dénoncent entre eux, la peine sera moindre, 5 ans. Mais si les deux coopèrent et ne se dénoncent pas, ils écoperont de la peine minimale de 6 mois faute de preuves. Villeneuve applique ce dilemme aux différents gouvernements qui cherchent à communiquer avec les extraterrestres.
Le vaisseau est une œuvre d’art. Sorte de monolithe cyclopéen, son design épuré à l’extrême colle parfaitement avec le ton neutre et calme de l’action. Il y a aussi quelques plans séquences magiques comme celui de l’arrivée en hélicoptère du Dr. Banks sur le site du Montana où se dresse le vaisseau extraterrestre dans une plaine brumeuse.
Le casting est à l’image du film, sobre mais efficace. Amy Adams et Jeremy Renner interprètent respectivement les scientifiques Louise Banks et Ian Donnelly. Le Dr. Banks est le personnage central. Elle ne criera pas, ne dégainera pas de fusil mitrailleur et ne fera pas de discours galvanisant. Les scientifiques sont chapotés par le colonel Weber, interprété par un Forest Whitaker ferme mais bienveillant. La relation qui s’établie entre les protagonistes est touchante et plus intimiste. Un bonheur.
Dévoilant peu à peu une histoire beaucoup plus complexe qu’il n’y parait, le réalisateur semble prendre le spectateur par la main pour lui expliquer calmement le cheminement de l’intrigue sans le perdre dans une violence, du cul ou des effets spéciaux inutiles.
Premier Contact performe là où Prometheus de Ridley Scott avait échoué. Les deux réalisateurs ont pris des chemins diamétralement opposés pour mettre en scène la première rencontre entre l’humanité et une vie extraterrestre. Là où Scott a foncé tête baissée avec force explosions, morts violentes et suspense angoissant, Villeneuve a préféré une approche plus douce, plus intellectuelle, ne délaissant pas le fond au profit de la forme mais en trouvant un juste équilibre.
Denis Villeneuve est devenu en l’espace de quelques années un incontournable du 7ème art. Avec une filmographie hétéroclite, des films profonds et une mise en scène esthétique et équilibrée, il est fort probable que le canadien soit tout simplement un génie du cinéma.
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Créée
le 21 déc. 2016
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