Grandiose ! Denis Villeneuve maîtrise toujours son sujet scénaristique à merveille. Il convoque l’intelligence d’un spectateur emballé, où le filtre émotionnel est géré de tout part.


Mais voyons un peu le thème principal du film : « la communication ». Cette notion est d’un reflet trompeur quand on y insère la subtilité de plusieurs interprétations. L’ouverture d’esprit et de possibilité de compréhension est donc appréciable. On se base initialement sur l’écoute et l’observation. Le parallèle est bien démontré entre la direction de l’armée, les visiteurs et la prestigieuse Louise Banks (Amy Adams). Son développement est au cœur de la réflexion première de l’œuvre.


Ainsi, elle occupe une place majeure dans cette aventure. Ses efforts soulignent à la fois le charisme féminin en constante ascension et sa sensibilité que chacun n’exploite pas nécessairement comme il le faudrait.


On découvre alors des passerelles métaphoriques et engagé sur la structure même de notre compréhension, sachant que nous partons d’un langage universel. Or, il reste tant à parcourir pour tendre vers l’ultime unification, greffant en partie l’empathie et l’amour. Il ne s’agit pas d’un simple recyclage fraichement retenu dans Interstellar. La démarche suggère cet acheminement « logique », toutefois elle ne privilégie pas une réflexion linéaire.


Si on s’attarde un moment sur les extra-terrestres, leur morphologie importe peu au détriment de cet objectif commun que nous autres spectateurs partageons avec la linguiste. Comme quoi, le visuel est un choix ciblé sur la communication inter-espèce. La gestuelle et l’écriture sont des paramètres à ne pas négliger quand on apprend ce que des sens multiples existent, non pas pour embrouiller l’esprit, mais pour enrichir un vocabulaire dans une liberté que nous détenons tous : l’expression individuelle.


Par ailleurs, on s’approche du sujet comportemental qui découle de cette communication. Bien que l’on distingue les humains des visiteurs, on insiste fortement sur la diversité et les divergences géopolitiques de chaque nation. La caricature ne force pas sur les conflits d’intérêts politique, mais isole surtout le problème relationnel à travers la sécurité de soi. Cet étude promet un déchiffrage intelligent, mêlant la science physique et ses interprètes que sont les Hommes.


Les médias ont également une part de sensibilisation et son influence peut dépasser l’entendement en situation de crise, à laquelle nos héros sont confrontés. Rien de nouveau, mais la piqure de rappel se montre simple et efficace.


On n’abuse pas d’effet spéciaux à tout va pour consolider une œuvre déjà bien orchestrée, car si l’on retient quelque chose dans toutes ces relations, ce sont les jugements moraux d’hommes et femmes qui se questionne à la fois sur leur mission et leur devoir. Le sentiment de peur est approprié pour décrire l’ambiance. Le jeu du son et des couleurs font qu’ils viennent appuyer notre concentration dans un thème philosophie que nous traitons, sans forcément nous en rendre compte.


Le regret certain que l’on reprochera, ce sont les manques de subtilité à des moments clés. On les substitue par des sur-explications affaiblies en valeur émotionnelle. Ce qui est dommage alors que l’individu est « mis de côté » dans l’entourage de l’héroïne, lui laissant la marge nécessaire de manœuvre méthodologique.


Mais au final, Premier Contact parvient à rendre indispensable son génie et convainc un public réticent au visionnage, remettant constamment au cause nos visions du Monde. Pour un premier pas dans une science-fiction réussite, on ne peut qu’admirer et apprendre de cette poésie maline et culturelle.

Cinememories
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le 9 juin 2017

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