Le lexique du temps
Les nouveaux visages du cinéma Hollywoodien se mettent subitement à la science-fiction. Cela devient-il un passage obligé ou est-ce un environnement propice à la création, au développement des...
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le 10 déc. 2016
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Spoiler dans toute la critique
6 ans après la hype hallucinante suscité par Premier Contact, film qui semble toujours ravir le cœur des cinéphiles de notre époque et des amateurs de SF, il était temps pour moi d'enfin découvrir ce film après avoir subi les douloureuses expériences qu'étaient Blade Runner 2049 et Dune.
Le vide profond et l'angoisse existentielle face à la mort du cinéma
Denis Villeneuve me fascine (malheureusement) par son habilité à proposer l'exact opposé de ce qu'il filme (Ex : Dune, le film le plus froid du monde). Et pourtant c'est avec une terreur absolue que j'ai quand même été surpris par l'intro du film. Le père Denis nous propose donc de découvrir, alors qu'il était mal réveillé et avait certainement mangé The Tree of Life au petit-déj sans avoir réussi à le digérer, une scène censée représenter l'événement le plus traumatisant pour des parents : la perte de leur enfant, filmée façon Malick du pauvre à base de caméra épaule au plus près des personnages sans émotion aucune. Bref, on s'en bat les couilles d'une puissance infinie. Autant dire que le voyage commence bien.
Mais rassurez-vous, Denis a décidé de nous émouvoir avec une femme en deuil jouée par Amy Adams sortant d'une pub pour shampoing, jouant comme une morte-vivante après la perte de sa fille et vivant dans une maison Ikea bien rangée et sans personnalité comme toute maison d'influenceuse tik tok qui se respecte. Bien sûr, l'affreuse photo grise et terne du film ne nous aide pas à distinguer quelconque élément du décor qui reflèterait un tant soit peu la personnalité de... enfin le perso principal (j'ai oublié son nom tellement ce personnage est développé) et cette maison est d'un vide abyssale à l'image du reste du film. Ce qui pourrait se comprendre vu la perte qu'elle a vécue, sauf que non parce que PLOT TWIST : en fait le début du film était un flashforward et elle n'a pas encore perdu sa fille. Le personnage d'Amy Adams était donc déjà une vivante-morte avant la tragédie. Et ce manque de caractérisation se ressent dans tout le film, aucun personnage n'est développé, ils n'ont aucune personnalité autre que leur fonction et jouent tous comme des patates ne montrant ne serait-ce qu'une bribe d'émotion durant tout le film. Chaque personnage semble mort à l'intérieur et cela n'est pas aidé par une mise en scène banale et sans style qui se voudrait être le Tarkovski du pauvre avec ses nombreux travellings avant, arrière, horizontaux voire diagonaux, dispersés de manière aléatoire tout le long du film sans raison apparente jusqu'au moment où se demande parfois pourquoi il filme un mur, ce qui traduit un manque de style et une méconnaissance de la grammaire cinématographique car Villeneuve ne sait ni donner du sens à ce qu'il filme ni comment le filmer.
Le visionnage de ce film donne l'impression de regarder un puit sans fond en se demandant si on mourrait de faim ou d'asphyxie en premier une fois tombé dedans. Ce film semble tout droit sorti des têtes de marketeux d'une agence de pub pour yaourt ou d'une I.A tant il est le parfait produit aseptisé d'une époque où tout est calibré et pensé pour vendre un bidon de lessive aux spectateurs. Une coquille vide ne provoquant jamais d'émotions chez le spectateur à part une profonde angoisse face à un spectacle morose qui est plus déplaisant que de regarder un cadavre. Car un cadavre au moins, ça pue, c'est humain et ça a abrité la vie, contrairement à Denis Villeneuve qui n'est absolument rien à part le vide absolu et le parfait reflet d'une époque où les films se ressemblent tous, n'osent rien qui n'a jamais été fait avant et ne confèrent au spectateur ce qu'il ne sait pas qu'il a besoin de voir car le langage cinématographe est définitivement perdu. Et en parlant de langage...
La linguistique pour les nuls
Le principe du film est assez original, aborder le premier contact avec des aliens à partir de la communication et des enjeux qu'elle suscite est très intéressant. Encore faudrait-il le traiter correctement. On nous dit au début qu'il faudra compter sur une super linguiste, considéré comme la meilleure traductrice selon l'armée et d'un mathématicien afin d'établir le contact. Seulement ceux-ci s'opposent dès la scène dans l'hélicoptère par une remarque stupide du personnage de Jeremy Renner, perdu entre le tournage de Mission Impossible 5 ou d'un Avengers, oubliant que la linguistique est aussi une science et jamais on n'utilisera autre chose que le langage pour essayer de communiquer avec les aliens. Soit, ce n'est pas le vrai problème. Ce qui dérange est la facilité hallucinante qu'a Amy Adams pour traduire le langage alien. Encore faut-il que ce soit bien un langage, ce que le film ne remet pas en question alors qu'il prétend le faire. Malgré une scène d'exposition où elle nous dit qu'il faut avancer prudemment pour ne pas mal interpréter ces entités et s'assurer qu'on ne part pas sur des contre-sens, avec la fameuse phrase "What is your purpose on Earth ?" Elle déclare alors qu'on doit bien s'accorder sur le fait que les aliens comprennent que c'est une question, que le pronom "your" est singulier et pas pluriel... ce qui serait plus simple si on prenait une langue plus riche que l'anglais, langue qui ne devrait jamais être utilisé comme langue-pont tant elle est pauvre grammaticalement par rapport aux autres langues les plus parlées au monde (à votre avis pourquoi google trad c'est de la merde ?) Mais ça, croyez-vous que Eric Heisserer, scénariste des remake de Freddy, The Thing ou encore Destination Finale 5 (je sais, ça fait rêver) s'est posé la question ? Bah non, c'est un américain con con et comme tout dans tout film américain débile, il faut faire un peu de propagande et dénigrer les russes et les chinois qui seront les responsables du conflit final, parce qu'évidemment ça ne pouvait pas venir d'une autre nation... C'est d'une stupidité affligeante pour un film aussi prétentieux.
Bref, c'est par la magie du scénario qu'ils arriveront à communiquer. À aucun moment les personnages ne doutent de leur manière de communiquer, ils partent très vite du principe que les aliens arrivent à lire l'alphabet latin et comprennent l'anglais tout en voyant les gestes des personnages. On nous montre alors les humains montrer l'action et le verbe "marcher", comme si ces espèce de racines géantes allaient comprendre, elles ne marchent probablement pas vu leur apparence... ou encore la scène où les deux persos disent leur noms et déduisent que les aliens donnent leur nom en retour, donc ça voudrait dire qu'ils ont compris que les humais donnaient leur nom ? Mais est-ce que les aliens ont un nom, ce concept existe-t-il vraiment pour eux ? Jamais notre super linguiste du futur ne se posera la question, elle partira toujours du principe que oui. Elle arrivera à comprendre et à déchiffrer les cercles des racines de l'espace sans aucun référent, aucune attention portée sur la prononciation, la voix ou leur langage corporel. Et c'est un défaut important quand le film se veut aussi intello et plus malin que les autres. Peu importe, très rapidement on assistera à un montage basique, sur fond de voix-off du perso masculin qui explique ce qu'on voit à l'écran, de leurs communications et de l'utilisation d'un super logiciel qui traduit déjà ces formes circulaires mouvantes (oui car ils vont interpréter les dessins sur papiers et ordis alors que le langage alien est une sorte de fumée flottante et qui n'est pas statique) alors que le langage alien ne semble pas du tout doté de grammaire mais uniquement de concepts. En gros, ta gueule c'est magique et ne réfléchis pas trop. Le tout aboutit à une scène complètement extra-terrestre (haha) où Amy parle avec l'une des racines de l'espace qui semble avoir tout compris à l'anglais et elle le comprend en retour car elle semble voir elle aussi les sous-titres affichés à l'écran.
Ce manque de rigueur et de compréhension de la linguistique n'est finalement que la démonstration d'un manque de connaissance du langage dans le film et de la part du film. Le film ne fait jamais comprendre les éléments par sa mise en scène, il les explique par des dialogues insipides comme tout mauvais film américain qui se respecte. À l'instar de son plot twist sur les flashforwards qui ont l'air d'avoir marqué et bouleversé même les fans de SF les plus aguerris. Alors que c'est la même chose que La Jetée ! Merde comment on peut se faire avoir par un cliché aussi basique de SF alors qu'il est tout simplement mal géré, ne provoque aucune émotion car les acteurs ont un encéphalogramme plat et témoigne de la facilité de son écriture digne d'un Marvel ou d'un Fincher où on ne fait du twist que pour le twist. On se retrouve alors avec une histoire de mère qui a vu son gosse crever mais qui le joue de manière neutre car c'était pas encore son gosse et faut essayer de duper le spectateur m'voyez... et de toutes façons ça arrivera forcément car "cé ton destain, toutététékri"... et le film sombre dans un déterminisme nietzschéen plus déprimant que jamais alors qu'il voudrait représenter un espoir.
On ressort de ce film avec une profonde angoisse, la même que l'on ressent devant des discours préfabriqué de politicard déshumanisé genre Macron ou devant des pubs de céréales. Bah oui, après tout, les vaisseaux sont des espèces de chocapic de l'espace, preuve de la production design foireuse, plate et morne du film qui ne relève pas le niveau de l'abominable bande son à base de gros BROOOM et de BIIIP et autres petites notes de synthé, sûrement composée par le chat qui marchait sur le clavier pendant que Jean-jean musique était à la machine à café.
Ce film est une purge insupportable à regarder, sans esthétique, sans émotion, sans mise en scène, sans ambiance, sans audace, écrit avec le cul et d'une prétention sans nom. Du vide, le néant abyssale, c'est mort à l'intérieur, c'est désincarné, une pub de voiture, bref, c'est Denis Villeneuve.
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Créée
le 12 sept. 2022
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