Plutôt client de ce que fait Denis Villeneuve en général, je revois ce film que j'avais complétement oublié tant les années ont passé depuis mon dernier visionnage.


Et on reconnait directement la patte du réalisateur. D'abord dans sa gestion du rythme, assez lent, mais qui offre une puissance dramatique et émotionnelle (avec quelques scènes très fortes, comme le premier contact avec le vaisseau ou bien l'apparition de l'heptapode dans une hallucination de Louise). On combine ici à l'avancement du récit les flashbacks de la fille de Louise, qui contribue à rendre son personnage plus intriguant et constitue un élèment centrale dans la curiosité du spectateur. Curiosité qui est surtout le fruit du travail de ce qui est montré ou non, les heptapodes dans leur brouillard, les vaisseaux invisibles pendant le longues minutes au début, la vie sentimentale de Louise en dehors de ce camp, tout est subtilement équilibré pour offrir un légère frustration jusqu'au moment du dénouement souhaité par le réalisateur.

Denis Villeneuve, toujours à son habitude, livre encore une fois un copie de grande qualité avec une photographie clinique, dans un film qui fait étalage de sa maîtrise technique et esthétique.

Le sujet autour de l'étude de la langue et de la communication des heptapodes est un angle d'attaque qui offre beaucoup de suspens et d'intérêt pour le déroulement de l'intrigue, en plus d'ajouter une dimension intellectuelle rare et intéressante, avec en sus une grande ingéniosité dans la création des écrits aliens (au passage graphiquement très réussis). Tout le traitement de ce qui se passe en dehors du camp militaire est aussi habilement évoqué, avec des situations réalistes autant temporellement que socialement (les médias, les fuites, les manifestations…).

Petit mot aussi sur le casting, avec une Amy Adams que je redécouvre dans un rôle central qui lui offre la possibilité d'exploiter une facette assez froide, mais en même temps très touchante et attachante. Les autres personnages sont bien plus secondaire mais l'ensemble du cast est solide et chacun trouve sa place.

J'ai noté aussi un écho étonnant entre le travail de Louise sur la linguistique et le travail d'un critique de cinéma: l'endroit ou se retrouvent Aliens et chercheurs est une salle sombre dans laquelle s'inscrit un grand écran blanc qui rappelle le cinéma par exemple. C'est subtil mais ça offre une deuxième lecture assez intéressante.


Mais comme d'habitude j'ai envie de dire, Denis Villeneuve livre un très bon film, mais manque d'un chouilla le film culte. Je pense que c'est surtout du à ce final un peu balancé, avec un fort accent Deus Ex Machina. Les flashbacks deviennent eux aussi un peu redondant, surtout qu'on a compris depuis longtemps que Ian et Louise finiront par avoir une fille, surtout que Denis Villeneuve à tendance à ne pas exceller dans ce pathos, tombant rapidement dans le plan-plan un peu lourdingue. Il y à aussi quelque balbutiements dans le déroulé du récit (la partie complot+explosion qui n'a que peu d'intérêt), et le décorticage des symboles aliens aurait mérité un peu plus de temps d'écran, mais ça reste secondaire.


Denis Villeneuve offre une nouvelle fois l'étalage de sa qualité technique et esthétique, avec un rythme assez lent qui correspond parfaitement à l'ambiance du film. Comme souvent il ne rate pas grand chose, mais comme souvent ça manque un peu de prise de risque sans doute pour sortir de la masse.

Créée

le 20 nov. 2024

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lklgf

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