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Les débuts de Nora très jeune avocate de vingt-cinq ans dans le monde impitoyable de la justice, du droit, de la police mais aussi ses rapports conflictuels avec sa maman, la nourriture en général, les oeufs en particulier...

Vous l'avez compris, même avec toute l'indulgence du monde devant un premier film, je me suis surprise à soupirer très, très, TRES profondément à plusieurs reprises au cours de la projection. Je m'en excuse auprès de mes voisins pour la gêne occasionnée et aussi prompts que moi à venir (tenter de) "défendre" un premier film à la première séance du premier jour de sa sortie.

Cela commence mal avec une scène de boîte de nuit où l'on découvre une fille ivre morte et hilare pendant que notre héroïne Nora s'ennuie copieusement en jupe boule à facettes, un verre à la main. En sortant du night club (c'est pour pas répéter boîte de nuit) elle reçoit un appel de son "boss" (oui, elle l'appelle boss) qui lui intime l'ordre de se rendre en Arras (pays de l'inceste, de la consanguinité, de la pédophilie et de la barbarie en forêt à coups de barre de fer) pour assister un jeune gars en garde à vue. C'est sa première gardav', il est deux heures du mat', elle a une jupe boule à facettes et elle ne sait pas où se trouve Arras. Elle n'a pas de voiture mais elle a le permis, elle n'a plus qu'à prendre la voiture du cabinet. Cela tombe bien : elle a les clés, qu'elle ne les perde pas sur le Pont des soupirs, ah ah. Voilà pour la mise en place. On y croit, on avance.

On sent la fille motivée, prête à faire au mieux pour satisfaire son boss qui lui assure que tout cela ne sera qu'une formalité. Sauf que rapidement, la gardav' se transforme en mise en examen, des indices laissant supposer que le jeune Jordan à peine majeur, présent sur les lieux du massacre (une forêt) d'une jeune fille qu'il connaissait, serait le premier suspect. Tout se complique, mais après avoir vomi à la découverte des photos présentant la fille assassinée, Nora est bien décidée à prouver l'innocence de sont client, un jeune homme doux comme un agneau mais avare de précisions et de cohérence. Elle doit donc à la fois se battre contre une affaire compliquée et un suspect peu coopératif mais heureusement, c'est tout frais, elle connaît et récite parfaitement les articles et procédures appris en cours.

Bien qu'on sente toute l'application de la réalisatrice et la documentation qu'elle a dû accumuler pour ne pas affirmer d'énormités concernant le Droit, le reste est beaucoup plus problématique. Choisir une image cracra glauque, une météo de chiotte (cela se passe dans le Pas-de-Calais je vous le rappelle) pour évoquer un meurtre sordide est d'une facilité sans nom. Ne pas faire de la jeune avocate un bulldozer sûr de soi et tonitruant mais plutôt une brindille qui risque de s'affaisser à la première brise, pourquoi pas ? Mais pourquoi insister constamment sur le physique gracile et gracieux de Noée Abita ? Pas besoin de la détailler à l'infini pour constater : elle doit mesurer à peine 1 m 60 et peser 48 kgs. La filmer constamment en très gros plan (grain de peau parfait, coupe de cheveux parfaite, bravo), au ralenti, exprime à quel point la réalisatrice est convaincue du talent de son actrice principale mais n'a strictement aucun intérêt dans le cadre d'une enquête de police. Y ajouter le fait qu'elle soit vierge à vingt cinq ans (ou pas, le doute est insoutenable) et que... ça tombe bien, le flic qui interroge Jordan est beau comme Anders Danielsen Lie et prêt à se sacrifier pour une éducation sentimentale et sexuelle à base d'oeufs durs (après une scène où les oeufs frais volent sur les murs... la réalisatrice n'aime pas les oeufs, ou les aime trop, ou a été traumatisée par l'Empire des sens d'Oshima (rayez les mentions inutiles), même si les oeufs de Victoria Musidlak ont une destination plus réaliste, je m'égare !), c'est d'un ridicule ! Je me poserais toute ma vie cette question : pourquoi les acteur-ice-s acceptent-ils de tourner ces scènes atroces, à base de slurrrrp et d'oeufs mayo ? Les oeufs n'étant absolument pas une condition pour rendre à mes yeux ces scènes de sexe tristes comme un trottoir de rue et la conversation de Charles Bovary.

J'ai bien compris, la jeune Nora va voir pulvériser son utopie à propos de la droiture de sa profession, briser ses rêves romantiques. Accessoirement aussi taper du poing car le petit oiseau à la voix saragiraudienne sait parfois hausser le ton. Mais avec ses grands yeux étonnés sur la cruauté du vaste monde, elle peine à (me) démontrer une quelconque évolution. Dois-je y ajouter une dose d'anorexie dans une scène sortie de nulle part où l'ampli poussé à douze nous permet d'apprécier le mâchonnement et la moindre déglutition pendant de longues minutes au cours desquelles la belle s'empiffre de confiture, beurre de cacahuètes, fromage blanc, tartines beurrées (liste non exhaustive) ? J'ai eu envie de lui proposer d'ajouter quelques légumes au menu mais je sais depuis longtemps (malgré Woody Allen et son merveilleux La rose pourpre du Caire (mais qu'est-ce que ça vient faire là ???)) qu'il est vain de s'adresser à l'écran à moins de faire comme Yannick et de finir mal (oups je spoile).

Je résume donc. Hésitant entre l'étude de l'apprentissage d'un métier et l'émancipation personnelle, le film patauge, hésite, survole et bâcle le tout. Je n'ai pas cru une seconde à ce récit d'apprentissage (d'une profession, de la vie, de l'émancipation (elle va prendre un appart' toute seule)) exprimé par un changement de coiffure. Si vous passez de la frange mignonne aux cheveux plaqués en arrière, du jean, gilet, au tailleur de dame, vous êtes sur la voie de l'indépendance.

Ce film n'est pas sans évoquer La Vénus d'argent qui m'avait laissée encore plus perplexe.

Et la dernière scène enfonce le clou. Oyez gens d'Arras, arrageois, arragoises, cessez de vous vautrer dans la pédophilie, l'inceste et la consanguinité voyons !

P.S. : François Morel cachetonne dans un rôle à contre-emploi d'avocat aguerri, lettré, désabusé.

P.S. 2 : je n'ai pas divulgâché, Jordan est-il coupable ou innocent ?

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le 25 avr. 2024

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