Et bien ce soir, dans mon shaker, il y a, à doses variables, du Seven pour l'aspect serial killer qui se joue de la police, de la série télé Medium pour la précognition et du Profiler, bein... Pour le personnage d'Abby Cornish, qui est ? Profiler.
Je vois que vous suivez. Et que vous avez répondu sans regarder l'indice de Julien Lepers.
Prémonitions vous donnera en effet l'impression d'avoir des facultés cognitives aussi élevées que celles d'Anthony Hopkins dans le film. Car celui-ci est d'une facture tellement classique que vous pourrez anticiper de dix minutes ce qu'il va se passer à l'écran. Hey ! Trop fort le spectateur, pour peu qu'il ait regardé un ou deux thrillers dans sa vie de cinéphile. Car il est évident que l'on ne vous parle pas de la maladie de la fille d'Anthony pour des prunes.
Si prémonitions, comme son titre français l'indique, souffre d'une prévisibilité à toute épreuve, il n'en est pas pour autant dénué d'intérêt. Car mine de rien, l'enquête se suit sans déplaisir et on se prend à s'intéresser au destin des personnages même si celui-ci semble écrit au vu des visions du faussement impassible Anthony Hopkins. Et on se prend à se perdre en conjectures sur le véritable mobile du tueur, qui brille par son absence dans la première moitié du film, renforçant son aura de fantôme insaisissable et ayant toujours au moins trois coups d'avance sur les personnes qui se sont lancées à sa poursuite.
L'oeuvre vaut surtout pour le duel que se livrent Sir Anthony et Colin Farrell, deux rôles qui se révèlent être, au final, les deux faces d'une même pièce. Ils entament d'abord une confrontation à distance, avant de se lancer dans une véritable partie d'échecs entre deux joueurs de même niveau, chacun arrivant à anticiper les coups de l'autre. Ce duel est l'occasion de développer de manière parallèle les personnages en ce qu'ils sont l'exact antithèse de l'autre, tant dans leur expériences respectives que dans leur rapport à la mort. Afonso Poyart en profite pour questionner le spectateur sur certaines interrogations morales qui, malheureusement, ne seront pas creusées, tout comme celles relatives à l'inecluctabilité de la destinée.
Si le film souffre d'une certaine afféterie dans sa représentation des visions du héros ou de certains moments plus "sensitifs", il n'en reste pas moins que Prémonitions se révèle être un thriller psychologique assez honnête et divertissant, suffisamment bon pour, pendant une heure quarante, raconter une histoire dont on ne décroche pas jusqu'au générique final. C'est tout ce que j'attendais de lui : qu'il me fasse passer un bon moment.
Mission accomplie.
Behind_the_Mask, qui a un sentiment de déjà vu.