Comment arrêter un tueur qui prévoit l’avenir ? Rien que cette question si bien posée et d’une grande simplicité de compréhension, le film avait un énorme potentiel de se démarquer de toutes les autres productions du genre policier, voire même donner naissance à un nouveau genre de polar et ou de réalisations de face-à-face. Je m’attendais à une confrontation magistrale et impensable entre deux médiums dotés des facultés spirituelles, où ces derniers vont devoir se dépasser pour ne pas se faire saisir aussi facilement. Je savais bien qu’il fallait bien s’attendre à un scénario légèrement alambiqué et complexe à comprendre, mais utiliser un sujet scénaristique original pour en faire un simple film policier banal, lent et trop ciblé sur l’euthanasie, c’est à un peu à la limite du foutage de gueule.
C’est encore une réalisation où j’avais une vision, une envie de voir quelque chose de spécial et qui malencontreusement, n’est pas à la hauteur de ce que j’aurais voulu admirer. Au lieu d’une confrontation acharnée entre deux médiums, le réalisateur Afonso Poyart nous entraîne à voir un long-métrage où un médium fut recruté par les services dans la police, dans le but d’aider ces derniers à mettre la main sur un tueur en série ne laissant aucune trace après chacun de ses meurtres, jusqu’à que le médium découvre que l’assassin est doté des mêmes dons que lui, un peu avant la fin du film. Voir ce genre de vision est pour moi un véritable gâchis impardonnable, ma déception s’agrandissait à chaque minute de visionnage quand on voit qu’il y a qu’Anthony Hopkins qui joue les médiums pendant une large partie du long-métrage. Ce dernier sauve le film d’une présence redoutable, il anime la production avec une prestation formidable, en interprétant un médium endeuillé par la perte insoutenable de sa fille.
Anthony Hopkins est un atout majeur, suffisamment convaincant pour inviter n'importe quel cinéphile à suivre parcours déterminé d’un médium dans une enquête glauque et énigmatique, face à un Collin Farrell dessinant son personnage de tueur se comportant comme une espèce de justicier qui a parfaitement ses raisons d’ôter des vies, bien qu’il ne soit présent que pendant 10 minutes et que les intentions de son personnage ne soient pas forcément claires comme l’eau de roche. Un face-à-face plutôt bien géré et rondement mené mais cela manque d'approfondissement dans l’écriture du scénario, et ce n’est pas le reste du casting qui va le compenser, même si Abbie Cornish et Jeffrey Dean Morgan jouent sérieusement leurs personnages. Bien que je n’aie pas vu ce que je voulais voir, je reconnais que les scénaristes ont su présenter un intérêt capital à ce long-métrage, celui de tuer tout être qui serait désireux de mourir, avant qu’ils le souhaitent, une sorte de remise en question sur la fin de vie ou sur les souffrances évitables.
Un intérêt rehaussé en qualité par une mise en scène très hypnotique, avec laquelle le réalisateur manie avec adresse et sobriété les différentes techniques de tournage, en passant à du basique à des effets clippesques mais des fois, cela nous perturbe, voire rendre le film lourd à visionner. La qualité montage peut s’avérer maladroite mais elle est néanmoins compensée par des scènes d’action nerveuses, d’une série de rebondissements impensables, d’images de meurtre d’une beauté renversante et une photographie digne de grands films policiers. Pas un mauvais long-métrage mais cela reste une semi-déception en ce qui me concerne. 5/10
Voyez-vous ! Il est comme moi ! Doué ! Bien plus que moi !