Descente dans l'enfer carcéral

Comment filmer le plus fidèlement possible la descente aux enfers d’Alain Marécaux ?
En adaptant son propre témoignage.

Cet huissier, reconnu de tous, à l'aise dans son métier, bien établi socialement est soudainement accusé de viols sur mineurs, dans l’affaire connue sous le nom d'affaire d'Outreau.

Les événements se déchaînent alors sur lui et sa famille, dans une logique implacable et avec une grande brutalité..
C'est étonnant comment on peut passer en une fraction de seconde d'une situation sociale très établie, au dessus de tout soupçon à celle d'un éminent salaud, pire des faits les plus ignobles, pervers taré, valant les pires châtiments.

Le jeune juge Burgaud décide alors de l'incarcérer, sur les dires d'une seule femme, appuyée par son compagnon, sa belle sœur et son pauvre fils complètement manipulé.
Aucun autre témoin, aucune preuve matérielle et pourtant ....

On cherche alors la petite bête dans ses affaires personnelles, dans celles de sa femme, dans sa vie la plus intime, pour le faire craquer. On interroge son fils en lui suggérant des choses insensées, qui n’existent pas.
Mais rien n'y fait. Alain Marécaux, un habitué de la justice, se défend comme un beau diable, aidé par son avocat et soutenu par sa famille. Il n’avouera pas ses choses horribles qu'il n'a jamais commises.

Mais sa femme finira par le lâcher, sa maman mourir de chagrin. L'un de ses enfants dérive de centres d’accueil en centre d’accueil, souffrant visiblement le martyr. Alain est acculé dans sa prison, la justice persistant dans son entêtement à le croire coupable de faits ignobles.

Les confrontations avec le juge sont terribles. Ce denier est buté. Il intime à l’avocat l’ordre de se taire. Alain Marécaux est englué dans sa propre défense qui ne porte pas ses fruits, tellement le juge est persuadé de sa culpabilité.
Le manque de faits probants, de vérifications, les contradictions des témoignages à charge sont révoltants à notre regard extérieur.
Alain est alors submergé par cette injustice, par le désastre dans laquelle elle a plongé sa famille.

Jusqu’où ira t'il dans sa chute ?
Le procès finira par rétablir une certaine vérité, mais pas complète. Il faudra attendre encore et encore.

Les vies brisées, la souffrance vécue pourront -elles se rattraper ?

Il faut noter l'interprétation vraiment excellente de Philippe Torreton qui vit complètement son personnage. Il est exceptionnel.

Je ,reconnais qu'il s'agit d'une version totalement subjective de l’affaire Outreau, qui pourra faire l’objet de visions différentes, voire contradictoires.
C'est la vision propre d'Alain Marécaux, et en ce sens, je l'apprécie comme un point de vue personnel, une histoire vécue, au delà de toutes les polémiques et je m'en tiens à ce que la justice en a conclu, en dernière instance, c'est-à-dire le procès en appel.