A travers un scénario bien ficelé et construit comme une mécanique implacable, Pakula explore les rouages de la machine judiciaire américaine, il nous entraîne sans cesse sur de fausses pistes, provoque le doute chez le spectateur, et ménage des coups de théâtre, jusqu'au twist final tout à fait surprenant.
Avec ses longues séquences de procès ponctuées de dépositions, Présumé innocent est un film de tribunal comme en raffolent les Américains, évoquant des films comme Autopsie d'un meurtre d'Otto Preminger, ou Témoin à charge de Billy Wilder, sauf que Pakula reste bien trop classique. On sent à travers sa mise en scène pourtant habile, un manque d'invention et d'énergie, la machine judiciaire est démontée pièce par pièce, mais d'une façon télévisuelle et assez convenue, les dialogues sont brillants mais sentent le formatage, un peu comme si le réalisateur avait peur de déplaire à un public acquis.
Heureusement, les acteurs compensent cette impression, et le film se suit sans aucun ennui : Harrison Ford trouve un rôle à sa mesure, il est parfait en procureur troublé par l'approche de la quarantaine, Brian Dennehy incarne magnifiquement un as du barreau retors et ambigu, Raul Julia est un avocat de prestige, et Greta Scacchi endosse le rôle de la victime, ce qui fait qu'on la voit peu et c'est bien dommage... sans oublier une galerie de seconds rôles qui tiennent bien leur place, comme Bonnie Bedelia, Paul Winfield, John Spencer ou Joe Grifasi... le tout sur musique de John Williams, bref c'est un film à suspense en forme de thriller psychologique réussi qui est idéal pour tout juriste en herbe.