"Presumed innocent" incarne le bon cinéma commercial de l'époque, efficace et divertissant, à défaut d'être captivant ou d'une quelconque profondeur.
Sous la forme d'un film de procès émaillé de flashbacks, contant la liaison brûlante et destructrice vécue par le héros, assistant du procureur idéaliste, avec sa jeune consoeur arriviste et croqueuse d'hommes, l'expérimenté Alan Pakula signe un récit plaisant mais un peu mou, relevé par une révélation finale inattendue.
Comme évoqué plus haut, "Presumed innocent" faisait bonne figure en 1990, se situant parmi les meilleurs standards du genre, mais son re-visionnage met en évidence des défauts difficilement acceptables à l'heure actuelle : certains "méchants" vraiment caricaturaux (le duo d'adversaires au tribunal, en permanence tournés en ridicule), des procédés narratifs d'un autre âge (un deus ex machina pour dénouer le procès ; une confession finale de l'assassin sous forme de monologue poussif), sans parler du gamin casse-bonbons faussement précoce, et de la représentation des femmes pour le moins douteuse (avec une prédilection pour la collègue en fauteuil roulant, qui a droit à deux répliques en tout et pour tout).
Heureusement, Pakula peut s'appuyer sur son savoir-faire technique et sur une distribution globalement convaincante : autour d'un Harrison Ford joliment ambigu, on retrouve ainsi Brian Dennehy, Bonnie Bedelia, John Spencer, Raul Julia, et surtout la ravissante Greta Scacchi (c'est sans doute dans ce film qu'elle atteint l'apogée de sa beauté troublante), qui permet au récit de décoller vraiment lorsqu'elle apparaît au bout d'une demi-heure.
Bref, du sympathique divertissement nineties qui a évidemment pris un coup de vieux, sans pour autant apparaître honteux, loin s'en faut.