Prêt à tout, c’est une comédie où une héroïne peut être noire, et ça ne pose de problème à personne. D’ailleurs, c’est bien simple, personne ne fait mention de sa couleur à aucun moment du film et je crois que c’est une première. C’est tellement une première que ça donne envie d’en savoir plus.
Bon, ne nous voilons pas la face non plus, un film avec Max Boublil, qui plus est dans lequel il passe pour un beau gosse (et une ligne de dialogue est réservée à cette assertion, c’est dire), ça ne sera pas un film ni crédible, ni grandiose. Mais qui sait.
Ne boudons pas notre plaisir. Le film propose un pitch un poil original : un jeune qui a fait fortune avec un site internet à la con (meetthemother.com, un meetic pour les cougars) rachète l’usine de la femme qu’il veut séduire et se fait passer pour un employé afin de se rapprocher d’elle.
Prêt à tout, oui, est pétri de bons sentiments. Parfois, il fait rire. En tous cas, il amuse et rarement ennuie, bien qu’il peine à maintenir son rythme ou un niveau de qualité des vannes. Les héros sont attachants, plutôt adroits dans les caricatures qu’ils campent et le film se paye le luxe de soulever quelques questions sociales. Il rappelle les luttes, la nécessaire et indispensable action collective et la solidarité. Le tout dans une comédie légère. Sans déconner, ça fait un moment que ça n’était pas arrivé.
Alors certes, il ne faut pas non plus s’attendre à une critique du capitalisme, à une remise des pendules à l’heure de la société de la décroissance, ni même à une réflexion sur les rapports de force. Tout, dans Prêt à tout, est prêt à consommer. Agréable, léger, drôle et farci de positive attitude. C’est peut-être d’ailleurs là qu’il pèche. Avec un tel background, pourquoi ne pas aller plus loin ? Pourquoi ne pas oser, sur ce ton badin, poser des questions qui fâchent, mettre sur la table des sujets essentiels mais oubliés des médias ? Pour ne pas perdre en route les spectateurs abrutis par leur appétit pour le pré-mâché ? C’est un peu dommage.
Néanmoins, Prêt à tout réussit un tour de force : celui de proposer une comédie française dont le ressort comique ne soit pas exclusivement basé sur la moquerie. D’ailleurs, la moquerie n’est quasiment jamais un moyen de gag. Rien que pour ce côté unique dans le paysage français, Prêt à tout est un film qui vaut le coup. Il faut encourager ce genre de choses. C’est un premier pas. Imparfait, pataud. Mais un premier pas, ça ne se laisse pas ignorer. Sinon c’est un affront. Et jamais deuxième pas n’arrivera.