L'Hara des villes et l'Hara des champs
Sorti un an après le Pot d'un million de Ryo, voici le second des trois films suivants de l'oeuvre de Sadao Yamanaka, et le moins qu'on puisse dire c'est que le bougre a un style bien à lui.
Toujours cette façon étrange de faire du Ozu chez les samouraïs, avec des tranches de vie en décors historique à la suite d'une poursuite prétexte.
Ici, il s'agit d'un couteau dérobé par un petit couillon, le frère de la douce Setsuko Hara et que son légitime propriétaire voudrait retrouver à tout prix... Aidée en cela par un voisin complaisant et un fier-à-bras amoureux, la belle enfant fera tout ce qui est en son pouvoir pour retrouver son frère dans un monde interlope particulièrement haut en couleur.
Une heure charmante donc, parce que, comme d'habitude, le réal se fiche de sa trame et se concentre sur les petits moments de vie de personnages plutôt attachants. Puis la pièce de Kabuki originale reprend ses droits, hélas, et il faut achever l'histoire sans se formaliser d'un changement de ton absolument désagréable et peu convainquant.
Du coup, le film me laisse une impression mitigée, surtout que tout du long l'histoire est un peu confuse et manque de ces moments forts qui faisaient la force du pot de Ryo. Le ronin handicapé est ici moins marquant, les seconds rôles moins amusants et Setsuko est plus agréable à contempler dans les films contemporains, en urbaine chez Ozu ou à la campagne dans Je ne regrette pas ma jeunesse....
Néanmoins, une découverte qui a son charme et qui me donne fortement envie de découvrir le dernier visible, et puis, ces films qui arrivent magiquement sous mon paillasson possèdent de toutes façons une supériorité sur tellement d'autres que je ne saurais trop préciser combien ma sévérité proverbiale n'est en aucune façon la marque d'un mauvais moment passé.