La vie d'adulte.

Fabrizio est un jeune homme représentant de la haute bourgeoisie Parmesane qui vient de rompre sa relation avec Clelia issue du même milieu que lui. Grandement influencé par son ami instituteur Cesare, il défend les thèses marxistes que ce dernier lui a enseigné. Agostino, un révolté qui s'est enfui de chez ses parents cherche à travers Fabrizio l'appui de quelqu'un qui pourrait le comprendre. Il lui demande de l'accueillir chez lui, seulement le jeune bourgeois refuse car il estime cette fugue puéril, lui assénant qu'il devrait se confronter à ses parents plutôt que des les fuir. De plus, Fabrizio reçoit la visite de sa tante Gina, qu'il n'a pas vue depuis plusieurs années et arrive de Milan. Quelques jours plus tard, Agostino est retrouvé mort, noyé dans un lac…

Prima della rivoluzione est un film sur l'apprentissage de la vie. Le passage tortueux, parfois même cruel, de l'adolescence insouciante à la vie d'adulte complexe, ou certains choix finissent par marquer l'identité d'une personne à jamais. C'est un film dans lequel éducation politique et éducation sentimentale s'entremêlent. Le chemin de croix d'un jeune homme dont l'esprit est tiraillé entre ses aspirations idéalistes et son éducation bourgeoise.
Pour Fabrizio, la noyade de son ami Agostino, qui avait fugué de la maison parentale, remet en cause les aspirations marxistes que lui prodiguait l'instituteur Cesare. Il se sent coupable de la mort d'Agostino, qu'il n'a pas réussi à comprendre. Il pensait qu'en utilisant le même discours que celui que Cesare avait utilisé sur lui, il aurait sortit son ami de cet état de torpeur qui l'a poussé à fuguer, à fuir sa famille avec laquelle il ne se sentait pas à l'aise, incompris.
Cet événement qui attriste grandement Fabrizio sera le point de départ de sa propre remise en question. Aussi bien de ses convictions politiques (il se croyait marxiste), que de sa position au sein de sa propre classe bourgeoise. Fabrizio voit sa combativité révolutionnaire constamment émoussée par une vision du bonheur qui se rapproche du bien-être, ce qui le ramène inlassablement vers un mode de vie bourgeois, son mode de vie.
L'action du film se déroule juste avant les élections d'Avril 1963. À cette époque le pays est gouverné par la Démocratie Chrétienne et ce depuis la fin de la royauté en 1946. Cependant, on remarque un net recul de ce parti politique qui doit composer avec la net progression du Parti Communiste Italien. C'est dans ce contexte politique que Fabrizio fait ses gammes et rejoint le PCI.
Ça c'est pour l'éducation politique, mais qu'en est-il de son éducation sentimentale ?
Promis à la belle Clelia, Fabrizio décide de rompre ses vœux car, aussi gentille et jolie soit-elle, elle est la représentation même de l'archétype de la jeune fille bourgeoise de bonne famille, qui l'aurait amené vers la voie du bien-être facile et des tranquilles certitudes quotidiennes. Dès lors, ce sont bien ses aspirations politiques nouvelles qui font qu'il s'éloigne de sa jeune promise et de ce mode de vie qui lui tendait les bras.
S'en suis l'arrivée de sa tante Gina, à peine plus âgée que lui. Fabrizio est vite touché par cette femme qu'il n'a pas vu depuis des années et qu'il a l'impression pour la première fois de vraiment découvrir. Très vite, il tombe amoureux de cette amante intelligente mais torturée tout autant que lui.
Contrairement à Fabrizio, Gina n'exprime jamais ses problèmes en les rattachant à un quelconque discours politique. Elle parle avec son cœur, laisse ses émotions s'exprimer librement, qu'elle confronte constamment avec celles des autres. C'est cette sincérité dans le discours tenu par sa tante qui va toucher Fabrizio. Avec elle, il découvre une véritable anti-conformité au normes sociales qui régissent le fonctionnement de la bourgeoisie Parmesane. Gina est une jeune femme célibataire qui rejette l'idée de la société patriarcale, qu'elle méprise. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle est très vite séduite par Fabrizio, qu'elle décrit à plusieurs reprises comme un enfant innocent, dont l'indécision permanente ne fait pas de lui un homme.