A 60 ans passés, Francesca Comencini a décidé de s'autoriser à parler, sur grand écran, de la relation unique qu'elle a entretenu avec son père, le grand cinéaste de L'Incompris et de L'argent de la vieille. Mais c'est moins le réalisateur qu'elle évoque, même si plusieurs tournages, avec une ambiance très "italienne", sont montrés, que le père, celui de son enfance émerveillée, d'abord, puis de sa jeunesse, plus difficile, laquelle a d'ailleurs influencé son premier film de fiction, à elle. De manière étonnante, Prima la vita ne dit rien de sa mère, pas plus que de ses 3 sœurs, lesquelles ont toutes un métier lié au cinéma. Non, Francesca s'en tient à cette relation fusionnelle avec Luigi, au fil de temps heureux ou un peu moins, de Rome à Paris. Le film connaît quelques creux et ne cherche pas systématiquement à nous émouvoir. Il possède des pudeurs qui parfois tombent quand des situations critiques l'exigent mais Francesca garde pour elle, et c'est bien naturel, un certain mystère autour de cette figure paternelle bienveillante, mais encombrante, lui que certains critiques ont qualifié de cinéaste bon et (trop) gentil, avec un goût avéré pour des sujets privilégiant l'enfance et l'adolescence. Le portrait de cet homme, face à sa fille, qui s'est longtemps demandé comment arriver à sa hauteur, est magnifié par la belle performance de Fabrizio Gifuni.