Sporadiquement des films prenant le cadre scolaire nous parviennent sur les écrans, surtout des productions françaises, mais aussi quelques productions étrangères (« Esprits rebelles » pour les Etats-Unis, « Le Disciple » pour la Russie ou « L’Ennemi de la classe » pour la Slovénie par exemple). Le plus souvent l’école n’est que le contexte ou le décor d’une histoire toute autre alors qu’ici, avec « Primaire », Hélène Angel entend autopsier l’état de notre école par le prisme d’une institutrice chevronnée en pleine remise question. L’école est donc ici au cœur de l’histoire.
On est dans le cadre de la fiction et non du documentaire comme ont pu l’être les succès d’estime, critique et public français que sont « Etre et avoir » qui se déroulait dans une classe de maternelle (près de deux millions d’entrées) et « Entre les murs » (Palme d’Or au Festival de Cannes). Le film se rapproche peut-être plus de « Ca commence aujourd’hui » de Bertrand Tavernier avec Philippe Torreton en instituteur tout terrain ou de « La Classe de neige » de Claude Miller. Bref, le cinéma français aime son éducation nationale et en faire un sujet de cinéma.
Ce qui est intéressant ici c’est, qu’en dépit de bonnes tranches de fiction, l’aspect documentaire n’est jamais très loin. Essentiellement dans les scènes de classe. C’est ce qui donne tout son sel au film et lui confère un aspect réaliste très réussi. Le naturel des jeunes enfants (le jeune Albert Cousi qui incarne le fils de l’institutrice en tête) joue pour beaucoup dans cette impression. On est véritablement immergés dans une classe de CM2 lorsque les cours commencent. Mais la clé de voûte de la réussite de « Primaire » est à mettre au crédit de Sara Forestier qui livre avec le rôle de cette professeur des écoles très investie une prestation époustouflante, vibrante et pleine de force et de sensibilité mêlées.
Les petits détails qui font d’une école primaire un univers plein d’énergie et de moments de colère, d’émotion ou de rires sont tellement nombreux qu’il n’était peut-être pas nécessaire de rajouter une histoire d’amour là-dedans. Les scène avec Vincent Elbaz semblent donc un peu fades et rallongent inutilement le film pour rien. Dans une moindre mesure, celles avec le personnage de Sasha qui tient plus de l’aspect social que scolaire n’étaient pas non plus indispensables. Hélène Angel signe un beau film gorgé d’émotions et de touchants instants qui était cependant à la limite de trop s’éparpiller. L’honneur est sauf.