La prise d’otage la plus ennuyeuse du monde

Qu’importe ce que tente de faire Prime Time, il finit toujours par décevoir. Avec un postulat intéressant à la Money Monster, un jeune homme prend en otage une animatrice télé dans l’espoir d’être diffusé, ayant un message important à soumettre à la population. Et à cet instant, d’entrée de jeux, je suis dedans. J’adore l’envers du décor, la négociation qui s’entame. Mais malheureusement c’est à peu près tout, passé le concept du film, on ne retiendra seulement que de beaux plans, de belles compositions de cadres et un soin apporté à la photo, la colorimétrie qui en plus d’être élégante, se marie plutôt bien avec le contexte, 1999 juste avant le passage au nouveau millénaire. Et donc comme je le disais, Prime Time échoue partout, peine à convaincre, peine à intéresser, et je ne pense honnêtement pas que c’est parce qu’il est trop cachotier. Certes la déception quand au dénouement final frustre, on voulait savoir ce qu’il voulait dire, mais ce qui frustre encore plus c’est devoir le film tourner en rond très vite… désespérant. Chaque péripéties sonne comme artificiel, surtout au vu du dénouement, comme si il nous semblait qu’on avait un début et une fin mais pas le reste, qu’il aura fallu batailler pour terminer ce scénario, qu’il aura fallu le goinfrer, implanter de la substance. Sauf que cette substance ne sert jamais vraiment, n’a pas vraiment d’utilité si ce n’est alimenter une certaine tension qui ne nous touche pas. Ne nous atteint pas. Car il est là le vrai problème de Prime Time, c’est que quoi qu’il fasse, on a un regard très distant à son égard. C’est cruel tant on ne se sent pas investi, pas intéressé et donc de ce fait on s’ennuie passablement, on trouve le temps long, jusqu’à s’emmerder poliment. Difficile d’être tenu en haleine tant rien n’est vraiment impressionnant, tant le protagoniste, excellemment interprété, n’a très vite plus l’air dangereux, simplement démuni et dans une position ambivalente dans laquelle il s’est mis, dorénavant coincé. Ces 1h20 nous semblent boursouflées, forcées. Fatalement, la meilleure scène du film, quelque chose d’enfin intéressant, est très vite éclipsée. Ce court moment, où Sebastian et ses otages nouent des liens, deviennent plus qu’un lanceur d’alerte criminel et les otages, apprennent à se connaître autour d’un joint, dansent et se parlent. Dans ces rares moments, Prime Time a quelque chose de rafraîchissant à proposer, néanmoins, c’est trop peu a se mettre sous la dent. Prime Time aurait gagné à être un court métrage.