Si l'on se réfère à la génération Truffaut et consorts, période Cahiers du cinéma, et que la marque des auteurs est d'être reconnaissable stylistiquement de films en films, alors Carpenter est l'un des plus grands auteurs de son temps. Prince des Ténèbres ne trompe pas : ambiance glauque et étouffante, bande-son sympatiquement flippante, quelques effets qui fonctionnent, des séquences entières devenues cultes (le meurtre à la bicyclette, un must see), un goût pour le surnaturel s'immisçant dans le quotidien le plus banal (un démon enfoui... sous une église en plein Los Angeles !) et ce leitmotiv selon lequel le Mal se cache en chacun de nous...
Sauf que voilà : 30 ans plus tard, le film ne fait plus vraiment illusion, et ce ne sont pas quelques morts foutrement angoissantes qui effaceront le souvenir de 60 minutes d'attente où le bla bla l'emporte sur le mouvement, où l'explicatif le dispute à l'incohérence des évolutions de personnages ou de la cohérence de l'action (personne n'est vraiment étonné du côté démoniaque ou du fluide vert qui s'écoule vers le plafond) , bref beaucoup de choses coincent, grippent là où Carpenter avait preuve quelques temps auparavant d'une maestria quasi inégalée (The Thing en tête).
On adore l'ambiance mais on s'ennuie un peu, et le jeu des comédiens n'aide en rien la pilule à passer. Pire : on se surprend à perdre tout intérêt dans les morts des personnages (qui survient tard et passe trop vite) et on attend la résolution, forcément décevante, même si comme toujours Carpenter termine sur un clin d'oeil ironique qui fait largement sourire.
Une déception, surtout vu le talent du bonhomme, mais bon, il restera toujours le reste de sa filmo pour nous réconforter !