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Ah mais cette frustration ! Sans quelques incohérences et réactions de personnages stupides, j’adhérais totalement ! Car quelle ambiance et quelle tension sinon, j’étais vraiment embarqué dans le film. John Carpenter montre une nouvelle fois qu’il maîtrise le huis-clos à la perfection, The Thing et Assaut étant déjà de géniaux représentants du genre. Le cadre resserré de l’action est déjà propice à créer un sentiment d’oppression, ce qui accentue le danger. Ici, ce dernier est partout. Dans cette ancienne église, dans les rues et même dans les rêves, impossible d’y échapper. Et c’est aussi ce qui rend le film assez angoissant car il ne semble pas y avoir de réelles échappatoires.


La base du scénario part d’un mystère inexpliqué avec grosse dimension spirituelle et une équipe de chercheurs va tenter de le résoudre. Il n’y a même pas besoin d’en faire plus, les enjeux sont clairs et limpides, sans tournures alambiquées superflues. Après comme je l’ai mentionné précédemment, ça n’empêche pas le film d’avoir quelques incohérences assez regrettables. En entrant un petit plus dans le détail, il y a des scènes qui m’ont quand même bien sorti de l’ambiance (légers spoilers)


Je pense à ce passage où une femme voit une croix se dessiner sur son bras sans que ça l’alarme. Il y a déjà eu des pertes dans l’équipe et ça ne la choque pas ? Non mais je veux dire, qui ne flipperait en voyant une croix bizarre s’inscrire dans sa chair ? Sans compter les réactions un peu débiles comme le type qui ne s’inquiète pas outre-mesure de voir sa collègue taper à l’ordinateur à la vitesse d’un robot, l’air complètement possédé. Mais fuis sombre idiot !


Après je me doute que Carpenter n’a pas forcément des ambitions réalistes mais ça n’empêche pas la cohérence. Assaut par exemple était assez surréaliste mais ça collait bien à l’atmosphère du film avec cette menace extérieure qui agissait sans réflexion, comme possédée. Pourtant il y a bien des similitudes avec Prince des Ténèbres. Mais dans ce dernier il s’agit de réactions stupides ne provenant non pas de l’inconnu mais de personnages bien définis, bien réels, que l’on a vu évoluer et c’est ce qui est assez gênant, d’autant plus que ces scènes ne sont pas isolées. Il y en a un peu trop pour hurler au génie sur ce film pour ma part bien qu’il y ait des facteurs qui puissent honnêtement le permettre. Car les points positifs sont tout de même légion.


Le film est bourré d’idées de mise en scène notamment. Les passages rêvés semblant provenir d’une vieille vidéo usée sont particulièrement inquiétants. Le fait de ne pas expliciter le pourquoi du comment de ces « messages » contribue à l’angoisse. Quelques scènes d’attaque sont particulièrement scotchantes, je pense par exemple à celle qui se passe dans le noir complet à un moment. Carpenter joue avec nos peurs innées, il revient à la base de l’horreur : l’invisible. Et c’est ce qui correspond d’ailleurs à la grande majorité du déroulement de l’intrigue, ce qui rend la tension particulièrement palpable (et efficace). Et même quand cet invisible ne l’est plus justement vers la fin du film, ça fonctionne encore car Carpenter n’en fait pas trop et rend la séquence inouïe de suspense. C’était ce que je reprochais à Poltergeist d’ailleurs (autre film d’horreur de l’époque), de verser dans la surenchère. Ce n’est pas le cas de Prince des Ténèbres où l’équilibre entre le mystère et l’explicite est savamment dosé.


C’est aussi à cela que l’on reconnaît la qualité d’un cinéaste. Comme quoi la réalisation d’un film fait vraiment beaucoup de choses et peut permettre de faire passer la pilule quant à certaines situations un peu tirées par les cheveux. J’éprouve donc ici le sentiment paradoxal du spectateur qui a vraiment aimé le film mais qui n’arrive pas à se débarrasser du petit sentiment d’amertume causé par de petits couacs trop visibles. D'où une petite frustration terriblement gênante. Néanmoins, celle-ci ne m’empêchera pas de conseiller le film car il en a quand même dans le ventre et nous propose une ambiance vraiment incroyable. C’est clairement à voir.

Moorhuhn
7
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le 16 juil. 2015

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Moorhuhn

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