Après avoir connu un échec injuste avec son précédent film survolté Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, l’émérite metteur en scène John Carpenter reprend un thème scénaristique qui a aidé sa production The Thing à être considérée comme un film culte, celui de l’apocalypse, en l’abordant cette fois-ci dans un contexte plus universitaire et religieux. Vu ses belles réussites visuelles comme New York 1997 ou Christine, John Carpenter montre encore une fois qu’il s’attaque à des sujets dont il a la parfaite maîtrise. En s’inspirant un peu des histoires de la Hammer ou celles de Lovecraft, le cinéaste s'attaque à un sujet dont il a le secret, il savait parfaitement dans quel terrain il s’aventurait, afin de nous proposer une vision glaçante et troublante d’un mal indéfini et particulièrement mystérieux.
Par rapport à son précédent film, on sent bien que l’artiste n’a pas bénéficié d’un budget aussi confortable, pas autant pour ce qui est d'employer les mêmes moyens techniques. Un scénario plus allégé, un casting moins fabuleux, de simples effets visuels, un environnement plus restreint, c’est sûr que John Carpenter ne pouvait en aucun cas atteindre la folie extravagante et la qualité inestimable de celles de sa dernière réalisation. Sa seule issue de survie ? Développer un scénario adéquat en appliquant un minimum tous les ingrédients de base d’un film épouvante, à savoir des moments de tension, des actes abominables, un suspense qui ne lâche pas, le tout fondé par une participation forte et sérieuse du casting.
Bien que j'apprécie tout particulièrement ce genre de production épouvante, je reconnais avoir été immergé dans une atmosphère assez engageante mais aussi assommante, notamment quand on repasse plusieurs fois d’affilée le même plan du cylindre avec la même note musicale, ça marche une fois mais au bout de trois ou quatre fois, ça commence à devenir lourd. Dans sa réalisation alarmiste et son mélange adéquat de science et de fantastique, le cinéaste rappelle deux valeurs artistiques sûres, Victor Wong et Donald Pleasence. Ces derniers ont au moins joué un rôle dans un ou plusieurs précédents films du metteur en scène et ont toujours été convaincants, comme l'est Donald Pleasence dans la peau d’un prêtre digne de ses fonctions.
C’était la moindre des choses que le metteur en scène pouvait faire pour retrouver son habileté et sa perfection exemplaire, sans omettre de combler sa production de scènes houleuses pour bien inclure l’effet du spectacle tant attendu par le public. Et bien entendu ! Comme le cinéaste gérait également tout le reste, la mise en scène est notamment impeccable pour maintenir une tension infaillible et l’histoire reprend pas mal d’éléments vus et revus dans d’autres films de même genre, à savoir un début intrigant, un avertissement incompris et des conséquences irréparables, en incluant le fait de devoir accomplir des actes qui vont à l’au-delà des capacités humaines des protagonistes.
On trouve également un ton personnel, le côté huis clos est irréprochablement bien respecté à la lettre, la bande-son est magistralement sensible et le réalisateur n’a pas hésité à remettre sa petite touche filmique, la fameuse fin qui ne nous dit pas si c’est terminé ou pas pour bien conclure sa production comme il se doit, à sa grande valeur artistique. 7/10
Si on ne revient pas, je te lègue ma Porsche !