Étant donné qu'il s'agit d'une adaptation d'une de mes bandes dessinées préférées, j'avais fait un petit travail psychologique afin d'essayer de ne pas trop m'offusquer quant à de probables infidélités dont je fus optimiste au point de croire qu'elles pourraient de pas êtres trop nombreuses.
Eh bien j'ai échoué. Et très rapidement. Nan mais c'est au-delà de l'infidélité là, ça n'a quasiment plus de rapport avec l’œuvre de départ en fait. Les trois quarts des trucs sont ajoutés, pour en faire une espèce de "récit hollywoodien", dans le plus mauvais sens du terme, alors que le matériau de base est d'une richesse peu commune et qu'on se prend à rêver à l'idée des adaptations grandioses auxquelles il pourrait donner lieu.
Et le peu de ce qui est utilisé, ça ne colle pas à la BD, tout est mélangé (avec les pieds), et au final ça donne une bonne petite bouillie infâme.
Moi j'aurais eu honte de mettre dans le générique que c'était une adaptation du comic strip d'Harold R. Foster, mais ils font bien de préciser, parce que...
Je ne m'étendrai pas sur la montagne de différences entre la BD et son adaptation, puisqu'il s'agit d'une critique du film, mais je ne peux m'empêcher de m'arrêter un instant sur le personnage éponyme, ne serait-ce que pour informer les gens qu'il n'est PAS comme ça, Valiant, sur les pages glorieuses de Foster. Val il est trop fort, il peut tenir tête à cinquante vikings ! Val est vif, malicieux, intelligent, et il est doté d'un charme irrésistible. Dans le film, il est fort comme un moucheron, vif comme une larve, malicieux comme un mammouth*, et le plus fou des demeurés serait plus sensé que lui. Niveau charme on touche le fond, en plus l'acteur est sacrément mauvais. (Et là je m'en veux d'être aussi méchant.)
Quant au film en lui-même, j'en dirai peu (j'ai déjà été assez méchant comme ça), sinon que ses ficelles ne sont pas des ficelles mais des poutres, avec notamment le traître le plus facile à démasquer de l'histoire du cinéma, que les décors sont assez laids (mais ça, bon...), que les accessoires sont kitschs, voire rigolos, à l'image de cette corne à boire, qui, en tombant sur de la pierre, résonne d'un réaliste bruit de gobelet en plastique.
Seules notes positives : le générique de début qui nous gratifie de dessins de Foster en CinemaScope, la présence de ce cher James Mason, et quelques très brefs passages du siège final.
C'est léger. Très léger...
*les mammouths étaient peut-être des animaux très malicieux, mais j'aime bien comment ça sonne.