Ankama est un studio qui a su occuper une place à part dans le paysage du cinéma d'animation. Studio d’abord axé sur le développement web, puis le jeux vidéo avec une esthétique nourrit de la culture japonaise, le studio reste tout de même assez jeune dans le monde du cinéma d'animation. Après un Dofus volume 1 qui a su faire parler de lui malgré son univers prenant racine dans celui des produit jeux vidéoludique du studio mère, le studio a pleinement pris ses marques et a rapidement proposé son premier film non tiré de sa licence phare (Dofus) avec Mutafukaz, sorti deux ans plus tard. Cependant, malgré un grand succès critique et de nombreuses récompenses (notamment au festival de Gérardmer), le film a eut du mal à trouver son public car difficilement distribuable pour un film de genre en animation. C'est ainsi qu'arrive Princesse Dragon, la toute première création originale du studio, qui a pour tâche de maintenir la place du studio en France et à l'international, mais aussi pour prouver que le studio peut créer des films originaux qui peuvent être tout aussi qualitative que les différentes créations tirées de l'univers Dofus et... non.
On peut pas nier la bonne volonté et l'amour que transmet le studio à travers ce film. On sent que le film essaye de créer un style plus grand public et plus détaché du style japonais. On le voit à travers les traits des personnages qui sont plus droit, géométrique, rectangulaire, et ont un certains charme que pouvait avoir des histoires de conte pour enfant type Martine ou de vieilles illustrations de comics américains. Ce style qui peut dérouter marche et a un sens car mis en opposition à celui de Poil qui va plus se rapprocher du design japonais afin de créer un décalage entre le monde fantastique et le monde de l'Homme. On ressent une profonde inspiration du Château ambulant d'Hayao Miyazaki qui donne une maturité et une singularité qui est vraiment bienvenue. C'est très malin et cela montre une véritable envi de bien faire, une envi de ne pas faire quelque chose de simpliste. Le tout est sublimé par la musique qui est indéniablement l'atout majeur du long métrage. L'introduction a des sonorités vraiment belle et tout le long, les musiques savent sublimer des scènes comme rarement des musiques ont pu le faire en 2021. Maintenant, il faut être honnête trois secondes: Malgré ses bonnes intentions, le film est un loupé. La raison est que le film veut trop s'adresser aux petits et adopte presque un caractère de petit film pour un petit public.
Si je disais que le dessin est très beau et qu'il apportait du sang neuf à l'animation française, l'animation n'est pas bonne du tout. Le film saccade, ralentis, les frames sont perceptibles sur l'écran du cinéma sur quasiment toutes les scènes, et rend toutes les scènes laborieuses. Le tout se remarque très facilement sur les scènes contemplatives et plus minutieuses qui deviennent raté par ce qui semble être un manque de budget. Le film s'ouvre sur des plans sur de la forêt et sur l'or du dragon dans sa grotte, et si la musique est prenante et t'emporte émotionnellement, le mouvement des ombres et des différents éléments animés sont pas fluides et détruisent l'immersion car on ne croit plus en ce que l'on voit. L'animation 3D du dragon est belle, mais dès que l'on revient sur de la 2D traditionnelle c'est une galère que l'on arrive pas vraiment à expliquer. Dès que nous avons cette ouverture véritablement chaotique entre une belle musique qui ne colle pas à une animation pénible, on est amené à s’attarder sur le design et l'animation de certains personnages qui s'en tirent mieux mais qui font cheep et mal-fait comme le cheval qui est trop minimaliste et presque amateur à côté de l'animation des dragons ou encore celle des personnages humains. A cela s'ajoute des problèmes maladroit et grossier lié à la mise en scène et au choix de jeu des personnages. On peut comprendre que, le film se voulant comme un conte, nous avons des animaux qui parlent, et les animaux ne bougeant pas les lèvres dans la vrais vie, autant jouer sur ça pour créer une logique et une mythologie qui pouvait marcher. Malheureusement, la chose étant assez mal pensé, nous avons des personnages obligés de faire des mimiques sur-exagéré et pathos qui décrédibilise totalement chaque dialogues entre deux personnages qui ne parlent pas en bougeant les lèvres. Le tout renforcé par des dialogues et une écriture vraiment bas de plafond presque débilisant qui en fait des caisses une réplique sur deux. "Papa ! j'ai rencontré une humaine, elle est comme moi, sauf qu'elle parle pas avec la tête comme nous, mais en bougeant les lèvres !", "Cette jeune fille n'est pas comme nous, elle est différente, nous les humains on est pas comme ça". J'aurais préféré qu'on joue à fond la carte du muet labiale (kit à appeler la narratrice en renfort) plutôt que ce résultat un peu bâtard qui rend très mal et accentue un côté pathos au film qui n'avait pas besoin de cela, surtout au vu de son scénario. On peut noter de bonnes idées comme la scène dans la bibliothèque où la princesse dit rêver de devenir un homme afin de faire un parallèle à sa position de princesse marié de force à un gros (jeune homme enrobé présenté péjorativement par le film comme empoté et gras du bide) idiot et qui n'a pas le pouvoir d'intervenir dans son royaume, tout comme sa mère emprisonné, ou même le parallèle fait entre le père dragon et le roi tout deux avares de richesses. Mais le film ne va pas plus loin que cela, si bien que cela amène une énorme déception quand vient le dénouement final.
Le fusil de Tchekhov de la bibliothèque n'aura servi à rien, la princesse arrivera à battre le prince à coup de baffe, et toute l'intrigue se finit de manière presque précipité et bâclé. Le père dragon qui accepte de vendre son or par nécessité à cause de sa mauvaise santé plus que par amour à sa fille, le roi qui finit porté disparu du final parce qu'il part la queue entre les jambes chercher une sorcière deus ex machina, et nous avons une fin convenu et assez peu intéressante par rapport à ce qu'on aurait pu avoir. Ce rêve de devenir un homme aurait pu devenir une réalité en rendant la princesse un homme pour pouvoir prétendre à la couronne et pour pouvoir échapper au mariage forcé, la princesse changé en homme aurait pu se marier avec la princesse dragon pour justifier le titre du film, apporter une morale sur l'acceptation de l'autre, et non avec une justification précipité avec "Elle était la fille du dragon qui régnait sur la forêt comme un roi, du coup c'est la princesse dragon"
C'est franchement dommage au vu de certaines idées et certaines réussites qui sont vraiment intéressantes. Il y a certaines scènes entre la princesse et la gouvernante qui fonctionnent et sont passionnantes tant les sentiments sont palpables et tant le film arrive à être crédible sur des scènes aussi sobre et épuré qu'une gouvernante qui essaye de jouer les mères de substitutions. Mais ce genre de scène créent de trop grand écarts entre la gouvernante (qui n'a pas grand chose à faire) mais arrive à avoir un grand caractère et une vrai personnalité, et les deux frères dragons qui ont une scène pour être introduit et le reste du film pour être oublié. On a beau faire une fixette un peu longue sur le choix des prénoms en nous filmant les deux dragons assez longtemps, passé cette scène, les deux dragons ont aucune personnalité et n'ont aucune raison d'exister. On se retrouve face à un film plus beau que bon, et encore beau c'est compliqué au vu de l'animation. On a ce sentiment bizarre de voir un bon film s'être planté à l'exécution, et faute de ne pas trouver de points positif pouvant sauver le visionnage, au moins je n'ai pas envi de franchement taper dessus. C'est décevant, c'est loupé, mais je m'en fiche un peu car quelques jours après je l'aurais oublié.
9/20
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