Space opera adapté de la série La Reine du fond des Temps de Leiji Matsumoto dont le synopsis se voit remodelé pour aboutir à une version à l'intrigue allégée mais également un peu plus grave et solennelle. Nous sommes en plein dans l'univers du créateur d'Albator, aussi auteur du manga Galaxy Express 999 auquel ce Princesse Millenium fait de nombreuses références : l'obsession pour le chiffre 9, le nom de la planète "Râ Métal" quasi identique à celui de "La Métal", plusieurs personnages ont un design plus que ressemblant et l'issue des deux récits convoquera la même gamme d'émotions.
L'imaginaire de Matsumoto nous entraîne donc une nouvelle fois dans une grande aventure galactique où tous les mille ans, les dirigeants de la planète Râ Métal envoient sur Terre une princesse Millenium (se faisant ici appeler Sanae) chargée de détecter en secret les meilleurs éléments de l'espèce humaine avant, le moment de la fin de sa mission venu, de rentrer avec eux sur sa terre d'origine pour les y réduire en esclavage. Tous les mille ans, Râ Métal se rapproche suffisamment de la planète bleue pour que le transfert de population puisse s'effectuer mais cette fois, son orbite a changé et menace purement et simplement notre monde d'une collision fatale. Sanae, vivant parmi les Hommes sous l'identité d'une jeune institutrice et pour qui l'heure du retour a sonné, se refuse à abandonner l'humanité à son funeste sort et s'emploiera, épaulée par son élève Hajime et contre l'avis des siens, à lui venir en aide en lui offrant l'abri de son "Arche de Noé".
Autant l'avouer tout de suite, le scénario compassant les 42 épisodes de la série d'origine manque régulièrement de clarté et de fluidité mais l'intention d'Akehi, réalisateur de ce métrage de 2h, semble privilégier l'expression d'un sentiment, d'une angoisse aux résonances écologiques amplifiée par un score élégiaque, propice à la dérive. Les séquences "inutiles" se succèdent, l'action se répète souvent, les scènes de batailles tournent un peu en boucle mais l'essentiel se trouve ailleurs, dans la mise en relief d'un registre épuré d'émois mélancoliques : la déchirure du don de soi, la beauté funèbre du sacrifice, la grâce désespérée des derniers élans de pureté. Avec ses vaisseaux, lasers et destructions de masse, Princesse Millenium ressemble sous beaucoup d'aspects à un anime à grand spectacle mais s'attache en particulier à travailler son inquiétude de monde en sursis à la merci des étoiles, à la portée peut-être aussi de sa bonne étoile. Malgré ses longueurs et tergiversations, Akehi n'ennuie pas mais engage le spectateur prêt à se laisser porter dans une lutte au cœur droit contre la ruine et le chaos. Si son issue reste incertaine, le combat auprès de Sanae et Hajime se révèle un sérieux moment d'animation. Pas la production la plus aboutie des studios Toei mais largement de quoi nourrir les besoins d'évasion stellaire.
Entre menace et protection, Akehi ne parle jamais mieux de notre Terre qu'en se confrontant aux astres, à la force du ciel. C'est une apocalypse angélique où les flammes des âmes escortent la route de la mort, où l'amour épanche les larmes, forcément. À défaut de se montrer grandiose, son épopée sait mettre en scène sa sensibilité et nous gratifier d'un de ces jolis voyages cosmiques après lesquels il paraît toujours si triste de devoir atterrir.