Récit aux accents épique, Princesse Mononoké est peut être le film le plus violent de Miyazaki, aventure passionnante, riche en images et en sens, Mononoké délivre à chaque fois un souffle lyrique et sauvage. Comme dans chacun de ses films, le réalisateur nippon livre à son public son amour pour la nature en épargnant pourtant pas son côté parfois abject. Les dessins raffinés, précis, mêlés à une musique transcendante parviennent à créer une sensation d'irréalité et de moment privilégié, exquis, qui font de cette aventure, un périple légendaire et intemporel, puissant dans son sens, gracieux dans sa forme.
L'histoire en elle même est toujours celle d'une lutte vigoureuse du bien contre le mal, de la nature contre ce qui la détruit sans pour autant dénigré l'once d'ambiguïté faisant la force d'un film mature et bien pensé, qui ne tombe dans les pièges faciles de l'antithèse entre le blanc et le noir. Le plus impressionnant dans ce film plus que dans tous ses autres films, c'est la capacité du réalisateur à donner une dimension divine et légendaire à des icônes motrices du film, provoquant un émerveillement ou même plus une fascination du spectateur pour des êtres qui de ce fait nous apparaissent comme des Dieux, en effet impossible d'oublier la scène de la première apparition du Dieu Cerf entre les arbres dans une lueur splendide, qui n'a pas était éreinté par l'avancée lourde et sanglante d'Okoto, véritable passion du Christ, aboutissant à une scène intense de transformation démoniaque. Miyazaki fait de ces personnages des entités mythologique que l'on ne peut que respecter, développant ainsi l'intérêt du spectateur pour ce qu'elles défendent ou condamnent.
Princesse Mononoké s'inscrit dans la logique du cinéma animiste qui fait la renommée de Miyazaki, moins timide que ses prédécesseurs, moins accessible aussi peut être, le film n'en perd pas pour autant sa vertu éducatrice. Moralisateur et élogieux, Mononoké n'en reste pas moins virulent, le couteau entre les dents, oui, mais pour cueillir des fleurs.