Cary, dévitalisé, attend la couronne
Le film qui prouve que Cary Grant peut effectivement être le principal défaut d'un film, en soi, c'est déjà une rareté...
Alors, nous sommes en 1934, Cary est pénible, poudré, peigné, poupon, presque porcin... c'est pitié de le voir comme ça, inexplicable surtout...
Heureusement, le rôle principal est tenu par Sylvia Sidney, petite mignonnette brune que j'avais déjà bien aimé en Eurasienne dans Du sang dans le soleil et que vous avez du voir dans Agent secret ou Fury normalement, ou au pire en vieille dame chez Tim Burton, mais c'est un peu du gâchis... Ici elle se débrouille plutôt très bien dans ses deux rôles de sosies avec quiproquos à gogo.
La princesse étrangère et la petite actrice new-yorkaise... peu importe, finalement, elle est à croquer dans les deux cas...
Sur un scénario de Preston Sturges qui tient sur deux lignes, le film baigne en eaux coutumières, il faut se laisser agréablement bercer par le roulis et profiter du spectacle sans trop se rendre compte que 1h14, c'est presque encore trop long pour deux lignes...
Trois ans avant L'Or et la femme, Cary fait déjà équipe avec Edward Arnold, enfin, équipe, c'est beaucoup dire, il y a le méchant fils à papa et son torchon à sensations qui veulent la peau du gentil gras banquier, quelque chose comme ça, à moins que ce ne soit l'inverse...
Ravissant et particulièrement oubliable, le film vaut surtout pour le charme de son interprète principale, les péripéties habituelles des films d'imposture et aussi de charmants détails sur la vie de l'actrice miséreuse, les cantines à distributeurs, les logeuses généreuses geignardes, ce genre de choses...
Ce qui est amusant c'est que seuls les admirateurs de Cary verront ce film alors qu'ils vont souffrir de le voir ainsi... C'est ballot, parce que dès l'année suivante, et Sylvia Scarlett le prouve, il devient tout à fait présentable et ne bougera plus guère dans les deux ou trois décennies qui vont suivre...