"Une fille qui n'est pas mariée, c'est des soucis; une fille qui se marie, c'est de la peine". C'est à travers cet axiome d'un père veuf que peut se résumer le film d'Ozu, dont on sait que le thème du mariage (des filles) est présent dans beaucoup de ses films. Et c'est, comme à chaque fois, à l'initiative de l'entourage que les récalcitrant(e)s se voient tenu(e)s de se conformer à une règle sociale non écrite.

"Printemps tardif" est le récit d'une complicité attendrissante entre un père et sa fille -avec deux des acteurs fétiches du cinéaste- que la seconde ne se résout pas à quitter et se montrerait même hostile et jalouse si son père devait se remarier. C'est donc à un double mariage qu'Ozu consacre son film mélancolique. Le mariage, chez Ozu, ce n'est pas le récit de la noce, mais tout à la fin quelques plans émouvants d'une maison vide qui sera désormais celle du père.

Le réalisateur s'attache à montrer ce que coûte la séparation à l'une et à l'autre, avec ce constat toujours amer que ce dernier devra se débrouiller seul.

Cette obsession de la solitude et du vieillissement est une composante dans l'oeuvre d'Ozu. Sa mise en scène, même si elle s'autorise quelques rares mouvements de caméra, est celle qui caractérise ses réalisations, tout en plans fixes géométriques. On y trouve de purs moments de poésie et, anecdotiquement, une singulière séquence de théatre nõ. Car le charme diffus du cinéma d'Ozu est inséparable, pour le spectateur occidental, du reflet que le cinéaste donne du japon de l'après-guerre.

inspecteurmorvandieu
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le 16 oct. 2024

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