"Une fille qui n'est pas mariée, c'est des soucis; une fille qui se marie, c'est de la peine". C'est à travers cet axiome d'un père veuf que peut se résumer le film d'Ozu, dont on sait que le thème du mariage (des filles) est présent dans beaucoup de ses films. Et c'est, comme à chaque fois, à l'initiative de l'entourage que les récalcitrant(e)s se voient tenu(e)s de se conformer à une règle sociale non écrite.

"Printemps tardif" est le récit d'une complicité attendrissante entre un père et sa fille -avec deux des acteurs fétiches du cinéaste- que la seconde ne se résout pas à quitter et se montrerait même hostile et jalouse si son père devait se remarier. C'est donc à un double mariage qu'Ozu consacre son film mélancolique. Le mariage, chez Ozu, ce n'est pas le récit de la noce, mais tout à la fin quelques plans émouvants d'une maison vide qui sera désormais celle du père.

Le réalisateur s'attache à montrer ce que coûte la séparation à l'une et à l'autre, avec ce constat toujours amer que ce dernier devra se débrouiller seul.

Cette obsession de la solitude et du vieillissement est une composante dans l'oeuvre d'Ozu. Sa mise en scène, même si elle s'autorise quelques rares mouvements de caméra, est celle qui caractérise ses réalisations, tout en plans fixes géométriques. On y trouve de purs moments de poésie et, anecdotiquement, une singulière séquence de théatre nõ. Car le charme diffus du cinéma d'Ozu est inséparable, pour le spectateur occidental, du reflet que le cinéaste donne du japon de l'après-guerre.

inspecteurmorvandieu
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Ozu

Créée

le 16 oct. 2024

Critique lue 1 fois

Critique lue 1 fois

D'autres avis sur Printemps tardif

Printemps tardif
Chaiev
9

Les âmes vagues

Comme si à 45 ans et après plus de 30 longs-métrages il ressentait le besoin de faire le point entre son œuvre passée et celle à venir, Ozu fait soudain appel à son vieux compagnon le scénariste Kogo...

le 6 avr. 2017

32 j'aime

3

Printemps tardif
limma
8

Critique de Printemps tardif par limma

On retrouve le Japon entre tradition et modernité et la dissolution de la cellule familiale, thème récurrent du réalisateur. Yasujirō Ozu reprend ses acteurs fétiches et la relation père-fille avec...

le 12 nov. 2018

14 j'aime

2

Printemps tardif
abscondita
8

" N’attends pas le bonheur, construit-le toi-même"

Printemps tardif, c’est un régal pour l’œil comme sait si bien en offrir Ozu. Un écrin visuel pour raconter un drame qui n’a rien d’original dans l’œuvre du réalisateur : celui de Noriko, une jeune...

le 12 janv. 2024

11 j'aime

3

Du même critique

Trois Amies
inspecteurmorvandieu
8

histoires d'amour(et)

Trois amies, dont l'une, interprétée par India Hair, occupe le devant de la scène de façon plus grave, se débattent dans les nombreuses formes amoureuses qu'Emmanuel Mouret met à leur disposition...

le 9 nov. 2024

1 j'aime

Le Nom de la rose
inspecteurmorvandieu
10

Critique de Le Nom de la rose par inspecteurmorvandieu

Associée aux rigueurs des moeurs monastiques, l'intrigue de ce qu'on peut appeler polar médiéval et religieux n'en est que plus étrange et saisissante. Le réalisme avec lequel Jean-Jacques Annaud...

le 22 oct. 2024

1 j'aime

Échappement libre
inspecteurmorvandieu
5

Critique de Échappement libre par inspecteurmorvandieu

David Ladislas (Belmondo) trafique au service d'une organisation de malfaiteurs. Cette fois, il doit convoyer au Liban une voiture chargée d'or aux côtés d'une complice (Jean Seberg)Cette comédie...

le 21 oct. 2024

1 j'aime