Un groupe de folles qui traversent le désert australien dans un vieux car pour aller donner un spectacle à Alice Springs. L'intérêt central du film est bien sûr la cohabitation des travestis, leurs répliques cinglantes et osées à se rouler par terre de rire, la mélancolie de certains dans leur crise de la cinquantaine. Et même s'ils se risquent parfois, au hasard d'une panne mécanique ou d'une halte, à rentrer en contact avec les campagnards cisgenres souvent peu ouverts, le film ne se concentre pas sur cette ficelle un peu facile (la rencontre de deux mondes qui n'ont pas l'habitude de se croiser). C'est aussi un film sur le quotidien d'artistes nomades entre deux spectacles, et comment ils tuent le temps sur la route.
La leçon du film est en fait que la route qu'on a parcouru pour atteindre son but a beaucoup plus d'importance que le but en lui-même. La comédie de folles est parfaitement réussie (beaucoup plus que La Cage aux folles (1978), par exemple), jamais caricaturale, servie par des acteurs qui s'en donne à cœur joie, et nous aussi. Le tour de force du film est qu'il peut parler à tout le monde, transgenres ou cisgenres, pour ses thèmes fondamentaux et sa légèreté apparente qui recouvre une profondeur dramatique rarement atteinte dans des films de ce genre.