Le problème avec certaines histoires vraies, c'est qu'elles dépassent parfois de très loin ce qu'une fiction peut proposer et la mettent au défi.
C'est un peu le cas de Prodigieuses aujourd'hui.
Mais finalement, peu importe les éléments de cette trajectoire qui ont pu être romancés, car l'essentiel de l'oeuvre est peut être à chercher ailleurs. Oui, il s'agira bien d'une histoire de résilience, portant l'espoir des oiseaux dont une course cruelle contre le temps a malheureusement coupé les ailes.
Mais si l'on s'attend à une lutte soudée et de front face à la maladie, le film est cependant longtemps porté par une opposition et une compétition entre les deux soeurs qu'il met en scène. Même pression presque toxique d'un père qui n'a pas su se réaliser, même silence d'une mère qui a sacrifié sa carrière pour ses filles. Les jumelles, quant à elles, ne le sont pas tout à fait. Car il s'agit d'ombre et de lumière, comme le souligne ce prof tyrannique. Car si l'une se conformera longtemps aux règles, en contrepartie de tempêtes émotionnelles intérieures, l'autre s'éprend soudain de liberté et d'une volonté d'émancipation, animée de premiers émois tardifs.
L'exigence de l'excellence, une certaine jalousie et la maladie mettront à mal la complicité, bousculée par l'impossible équilibre entre la musique et une vie normale. Avant de la renforcer.
C'est cette complicité dissonante que Prodigieuses exalte, via l'alchimie qui crève l'écran entre ses deux comédiennes, Camille Razat et Mélanie Robert. Faisant que même les péripéties les plus attendues restent plaisantes à suivre et que les aspects les plus mélo de l'entreprise passent comme une lettre à la poste.
Et puis, il y a cette musique formidable, ambivalente, qui accompagne toute cette histoire. Qui plombe par ce qu'elle exige de rigueur et de discipline. Mais qui libère aussi les émotions et porte les ambitions.
Mais Prodigieuses, surtout, c'est ce joli message, juste, sur la possibilité de s'accomplir malgré les obstacles que nous rencontrons tous. Et qui rappelle qu'à l'instar de ces deux artistes à la destinée contrariée, nous sommes tous capables de nous réinventer, sur la portée de nos vies, à force de persévérance et d'une certaine dose de merveilleux.
Et rien que pour cela, Prodigieuses, ça fait du bien.
Behind_the_Mask, tout pour la musique.