Dans une ville de province du début des années 1960, un garçon de 12 ans vit avec sa mère aimante, et un père mythomane, mais qu'il prend comme un héros, car il lui raconte qu'il a été chanteur, parachutiste, espion et conseiller personnel du général de Gaulle. Ce père va confier des missions à son fils, dont un projet d'assassinat du général.
Le livre de Sorj Chalandon avait été un souvenir très fort, où l'auteur s'était inspiré de son propre père. Là, je dirais que Jean-Pierre Améris en a filmé une bonne adaptation, quoique le père ici fait moins de métiers (imaginaires), mais je dirais presque que la magie du livre ne marche pas vraiment ici. Pourquoi, difficile à dire, mais j'ai moins été dans l'émotion. même si Benoit Poelvoorde joue un père formidable, à la fois terrifiant, séducteur, mais surtout, qui s'invente plusieurs vies, quitte à brouiller les pistes sur sa réelle nature. Est-il mythomane ou schizophrène ?
L'acteur en est fascinant, notamment dans sa relation avec son épouse, jouée par Audrey Dana (dont le rôle me semble plus développé par rapport au livre), ainsi qu'avec son fils, l'excellent Jules Lefebvre.
Bien que ça se passe dans les années 1960, on sent que le budget du film a été réduit, tant on ne sent pas vraiment la reconstitution, ni les décors, qui se résument en gros à cet appartement parfois montré comme un film d'horreur. De plus, il y a très peu de figurants, ce qui donne l'impression d'un endroit isolé. Mais au fond, je pense que sans connaitre le film, Profession du père aurait été encore plus fort. Rien que pour ce que fait Benoit Poelvoorde, notamment dans deux scènes ; celle du jour de l'an où il se comporte comme quelqu'un d'ordinaire, de tendre, ou celle avec le proviseur qui manque de virer son fils de l'école, l'acteur semblant devenir lui aussi un enfant sous nos yeux.