Le Louisiana Museum of Modern Art de Humlebæk présente, du 02.05 au 01.09 (dépêchez-vous !) une sélection d’œuvres de Roni Horn, juxtaposées à des extraits de films. Les installations de Horn, comme les vidéos choisies ont comme thème central l’identité dans ce qu’elle a de plus vague. Tout ne me touche pas dans l’œuvre de Horn ; les blocs de verre polis et disposés dans une pièce, qui semblent pourtant être l’attraction préférée du public, n’ont à mon sens rien à envier en vacuité aux ballons de Koons. Mais à côté, il y a Still Water (The River Thames for Example), il y a Log, et il y a Yet qui tous me font dire : « ptn j’aurais vraiment aimé faire ça ». Donc quand je suis retourné voir l’exposition une deuxième fois avant sa disparition, j’ai décidé de prendre en note les titres des films présentés que j’avais pas vus, en me disant que peut-être ils me donneraient - sinon du talent, la force d’essayer pour une fois.
La seule information que j’avais donc sur Profession : reporter, c’était qu’il y était probablement question de l’identité et son ambiguïté ET les tags senscritique : Thriller, Road movie, Comédie dramatique. Super fun tout ça ! Évidemment, le début a été difficile : on ne comprend rien, le cadreur a Parkison, et l’ingé son s’est endormi sur la jauge des bruitages. Comme il n’y a pas de musique et que les seuls dialogues consistent en des répliques sans réponses données par Locke (Jack Nicholson), ça fait vite mal au crâne. Locke, d’ailleurs, est vite insupportable. Il parle mal aux locaux, s’énerve facilement et pour pas grand-chose et pire que tout : il n’a aucun respect pour la valeur de l’eau alors qu’on est dans le Sahara !!! Pour ne rien arranger, il porte uniquement des chemises déboutonnées jusqu’au nombril, et il a une grosse calvasse.
Locke quitte sa douche (sans la couper…), pour aller discuter avec son voisin de chambre, Robertson, et c’est seulement là que le j’ai pu arrêter de regarder des tiktoks à côté et me concentrer sur le film. Antonioni explique très élégamment la rencontre des deux hommes qui a eu lieu avant le début du film, avec un plan qui passe du présent au souvenir comme la caméra passe de l’intérieur à l’extérieur. Tout prend sens : on se faisait chier et on ne voyait aucun sens aux errements de Locke parce que lui-même avait usé sa vie jusqu’au bout !! Heureusement pour lui, Robertson par sa mort lui lègue ses affaires et son identité, ce que Locke reçoit volontiers.
Le film devient plus compréhensible, et donc plus intéressant ; les plans de caméra excentriques mais ingénieux se multiplient ; donc je suis accroché, et encore plus solidement quand Maria Schneider est dans le champ 😻. Malgré ça, l’action reste trèèèès lente ; et je dois dire que les dialogues sont pas toujours convaincants, et souvent très peu naturels. Fun fact, dans une interview de 1975, Schneider attribuait cette faiblesse au niveau d’anglais d’Antonioni, vraisemblablement pas fabuleux. Au-delà du contenu, les doublages sont parfois limite désagréables, comme dans l’interview du président menée par Locke. La lenteur pourrait s’expliquer par une volonté du réalisateur de montrer l’impossibilité pour Locke d’adopter la vie de Robertson, et l’inconfort constant qu’il subit alors que ses deux passés le rattrapent – littéralement. Mais pour moi l’excuse ne tient pas debout, Antonioni est coupable et doit être puni : 6/10.
En général, c’est l’image qui sauve le film, et évidemment le plan-séquence final en est la meilleure preuve. Avant de trouver l’envie de faire des photos commentées de l’eau (propre!) de la Seine, il va falloir que Horn me convainque autrement de la profondeur du détour de l’identité.
odile dornon