Je ne sais pas encore exactement quand / à quel film je vais arrêter le cycle Jackie Chan que j’ai débuté il y a maintenant plus d’un mois. Je peux être quasiment sûr d’avoir déjà épuisé depuis un moment tous les bons films où l’acteur a un rôle un minimum important. Mais je m’efforce de continuer, de fouiller sa filmographie dans l’espoir de retrouver une once de ce que j’aime dans ses meilleurs films. En vain, certainement.
Bref, c’est là encore cette quête qui me mène à voir Project S, une suite de Police story 3, consacrée au personnage de Michelle Yeoh. J’avais déjà pas tellement adhéré au 3ème opus en question, alors un dérivé sur un personnage autre que celui de Jackie… mais ce dernier fait quand même une apparition, alors bon…
Au moins, avec Stanley Tong aux commandes et d’autres habitués des films de Jackie Chan en tant que chorégraphes, je pouvais espérer avoir droit à de bons moments d’action.
Jessica Yang, le personnage de Michelle Yeoh, travaille toujours dans les forces de l’ordre mais au Vietnam, jusqu’à ce qu’elle soit rappelée par la police Hong-Kongaise pour collaborer à une enquête.
L’intrigue policière est fade, elle progresse lentement, et ne présente rien de bien nouveau.
Des personnages ont un comportement complètement con, à la fin quand un criminel s’échappe par des souterrains, ils ne voient pas ça comme un cas d’urgence justifiant la fermeture d’un sas ; par contre quand le tunnel est inondé et que des flics y sont encore, là ils ferment directement les accès…
Le seul élément qui ajoute un peu de saveur à l’histoire, c’est le rapport qu’a l’héroïne avec un des criminels, ce qui permet quelques ironies dramatiques qui ont éveillé mon intérêt… Mais ça aurait mérité d’être davantage exploité, et mieux, parce que finalement les situations de tiraillement émotionnel tombent un peu à plat, surtout la conclusion qui semble avoir été pensée pour être déchirante.
En repensant aux deux premiers Police story, je me dis que l’histoire n’était pas dingue non plus, mais on ne s’ennuyait jamais, grâce au mélange d’humour, de drame et d’action.
Alors que dans Project S, ça traîne, et l’humour m’a laissé complètement indifférent. Il y a des tentatives de gags basées sur le rapport entre l’héroïne et un de ses collègues, que sa sœur incite à draguer pour qu’il puisse enfin se caser (et finalement, on n’en fait rien, de cette idée).
Mais les gags sont trop sages et/ou trop classiques (le mec est surpris en train de lire Playboy, ohoho), donc ça n’est ni drôle, ni assez mauvais pour être navrant, du coup j’ai vraiment rien ressenti. A part lors du cameo de Jackie Chan. Il ne nous gratifie d’aucun vrai combat, d’aucune cascade, non, il est juste là pour une séquence qui ne sert pas à grand chose, purement gaguesque. Il est déguisé en femme, et les blagues sont particulièrement facepalmique, du niveau d’un Max Pécas.
Pour ce qui est de l’action, Michelle Yeoh et les autres acteurs se débrouillent pas trop mal, mais on voit qu’ils ne sont pas capables d’enchaîner beaucoup de coups en une prise. Pour y pallier, le montage est très cut, et peut-être pour que le rythme reste le même tout du long d’une scène d’action, les plans restent très courts même quand les acteurs n’ont rien à faire de complexe. Et on se retrouve ainsi avec pleins de plans avec des angles en tous sens, ce qui nuit à la compréhension. En plein milieu d’un combat, il peut y avoir un plan d’une demie-seconde, qui ne sert à rien.
Et puis quand t’as vu plusieurs fois Jackie Chan chuter d’un bâtiment en un plan, voir quelqu’un d’autre faire la même chose en une succession de 4 ou 5 plans brefs, ça paraît bien insipide (bon ok, je comprends quand même que tout le monde n’ait pas envie de risquer sa vie juste pour le divertissement du public…)
Il y a juste quelques rares fois où on évite ce type de montage, ce qui permet de voir quelques cascades impressionnantes, revenant souvent justement au saut depuis une certaine hauteur.
Mais les fusillades m’ont ennuyé, la brève poursuite en voitures également, d’autant plus que le découpage de la séquence est très mal foutu. Là encore, les plans sont trop courts, et le fait qu’on ne comprenne pas le positionnement des voitures entre elles (celles qui se poursuivent, et celles qui arrivent en sens inverse) a pour effet qu’on ne ressent pas de tension juste avant l’impact. Le contre-exemple parfait, c’est la poursuite dans Basic instinct.
Parce qu’en dehors du rythme et de la durée des plans, le monteur fait des choix de découpage étranges ; il y a un moment où un flic tombe sur un ennemi, et entre son saut depuis une plateforme et sa chute, il y a un plan inutile sur d’autres personnages… ce qui gâche à la fois l’effet produit par la cascade, et donne l’impression d’une dilatation pas naturelle du temps (sauf si le flic est resté suspendu dans les airs au-dessus du méchant, le temps qu’on nous montre autre chose).
C’est dommage, il y avait quelques idées sympas pour les scènes d’action, comme lorsqu’un des héros a un flingue et l’autre les balles qui doivent aller avec, ou cet usage d’un défibrillateur en plein combat… mais ça, Jackie Chan, oui encore lui, l’a bien mieux fait dans Espion amateur.
Project S est un film sans grand intérêt, et qui évoque fortement, par son intrigue insipide et sa BO très générique, les séries policières 90’s du genre à passer sur M6.