Fantasmes à tous les étages
Je ne sais pas si vous avez été jeunes un jour, mais moi oui. Et les quelques amis que je fréquente également. Oh, aucun d'entre nous n'a vécu la même jeunesse, certains se cantonnant aux seconds rôles pendant que d'autres s'illustraient dans les soirées, auprès des filles, auprès des mecs, dans des bastons d'ego, des bastons de poings entourées de badauds ; d'autres encore s'illustraient en correctionnelle, certains aux JT après des règlements de comptes. D'aucuns remplissaient un tableau de chasse plus garni que le meuble à chaussures de Paris Hilton, quand d'autres enfin se faisaient accuser de viol par des filles bourrées, ou que d'autres vendaient du shit à la sauvette.
La jeunesse, c'est compliqué. On survit, on cherche à occuper sa vie avec du vide avant d'être forcés, pour la plupart, de suivre le rythme et de rentrer dans le moule.
Les jeunes, c'est l'avenir, c'est le génie, c'est l'ingénuité, c'est le désir, le plaisir, la découverte, la souffrance, la mesquinerie, la pénibilité. Les jeunes, c'est le souffle de la vie qui étreint et emporte, avant de nous reposer sur le trottoir, sur le chemin bien balisé de l’âge adulte.
Projet X, c’est un peu ça, une représentation de la jeunesse, de ses angoisses, de ses désirs.
Les trois amis héros de l’aventure ne s’aiment pas, mais veulent qu’on les adore. Ils veulent faire de leur vie une vibration.
Ils veulent sortir de l’anonymat qui les étouffe et, dans l’attente d’un plus tard, veulent être gagnés par l’intensité.
A partir de là, le film se déroule comme un roman initiatique sans limites, anarchiste, rempli de rêves de gosses, de bruit, de fureur.
La subtilité n’est pas le fort du film, qui s’installe caméra au poing et se prétend raconter un événement véritable (qui surviendra après la sortie du film, plutôt dramatique en fin de compte), mais à 17 ans, je n’étais pas des plus subtils, et mes amis non plus. Mes amis encore moins d’ailleurs. On pense souvent aux vidéos du College fuck fest aussi, la partie fuck en moins, bien évidemment.
J’aurais rêvé d’organiser une fête extraordinaire, être regardé positivement par mes camarades de lycée. J’aurais aimé remplir de cette manière ces années de jeunesse parties finalement trop vite.
Au lieu de ça, j’en suis réduit à regarder un film rigolard, qui ne se prend pas au sérieux, sans morale et sans jugement, qui fout le feu au fauteuil dans la joie et la bonne humeur, sans vraie méchanceté et sans véritable ambition non plus, dans une ambiance survoltée, à la bande son énergique, et aux personnages attachants (surtout Alexis).
J’ai regardé et je me suis senti jeune. J’ai ri, j’ai frissonné, j’ai… vibré le temps de cette soirée qui part en sucette. Je n’en sors pas grandi, car c’est un film un peu vain, mais qu’est-ce que le temps, si ce n’est une donnée à occuper. Et quelle plus belle manière de la remplir, que de le gaver d’émotions.