Dès les premiers instants, Ridley Scott renoue avec le sommet de sa carrière, Blade Runner : un type blafard en slip accepte sa mort avec un stoïcisme éblouissant après avoir bu la ciguë sur fond de cuivres synthétiques à la Vangelis. Une scène glaciale, qui sera le phare de toute la problématique du métrage : "Faut-il accepter la mort ?"


Chaque personnage a un rapport à la mort particulier, de l'acceptation volontaire et évidente au refus catégorique. Sur cette base, les scénaristes vont concocter un film à tiroirs, empli de mystères et de révélations. Mais la mort n'étant jamais chez Ridley Scott une fin en soi, il va s'intéresser de plus près au sexe et à la mutation.
Accueillis par une nouvelle forme de vie qui n'est pas sans rappeler une verge turgescente, deux scientifiques tentent d'entrer en communication. L'un en mourra le bras droit brisé, l'autre se verra changé en créature cauchemardesque et meurtrière...


Au même moment, Michael Fassbender trouve une substance suspecte dans une sorte de préservatif surgelé, et la glisse subtilement dans le verre de Logan Marshall-Green qui lui aussi va se métamorphoser en monstre de foire après avoir engrossé Noomi Rapace. Cette dernière se retrouve au cœur de la scène-clef du film : une césarienne abdominale qui donne naissance à une bestiole tentaculaire. Une scène terrible, dérangeante, faisant l'apologie de l'automédication à outrance alors que la technologie onéreuse ne vaut rien.


Un discours que l'on retrouve lors de la scène la plus émouvante du métrage : Charlize Theron affirme vouloir supplanter son père, lui qui préfère considérer Michael Fassbender le robot comme son fils.
Aucun film n'avait aussi bien su mêler sexe, meurtre et technologie de façon aussi intelligente.


Ridley Scott avait des comptes à rendre à ses fidèles. Sa carrière, faite de haut et de beaucoup de bas ( et oui, j'ai mis "haut" au singulier... ) commençait à sentir le roussi même pour les inconditionnels auto-proclammés qui de plus en plus ouvraient les yeux devant l'amère constatation : ce mec est un abruti. Moi-même je l'ai déserté il y a fort longtemps, lassé de subir années après années des films d'une inanité confondante.
Or il n'en est rien. Ridley est bel et bien un génie visionnaire, et il nous le prouve aujourd'hui avec Prometheus, film que Takashi Miike ne renierait pas.

mikeopuvty
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le 1 juin 2012

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Mike Öpuvty

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