Première critique semi à chaud de Prometheus. Peu de spoil à priori.

Il se la pète Scott, mais on sait pourquoi !
On va commencer par le positif, Ridley Scott sait où placer sa caméra et où foutre ses acteurs pour donner à l'image une belle représentation et ce à chaque instant. La lumière est toujours très bien travaillée. Tout cela donne au film une belle photo. Beaucoup plus clair que son Alien cependant, rendant le film moins flippant. Qualitativement et sans aucun doute, la balance penche plus du côté de Blade Runner, Alien et cie que de ses désastres type Robin des bois.

Vous avez un bel exosquelettes dites-moi !
Bon là, y'a pas à chier, visuellement, ça claque. Le vaisseau, les écrans à la minority report, les décors "naturels", le vaisseau alien, les bestioles... Tout est bien foutu, même si oui, ça gerbe du CGI à tout va, ce qui donne toujours un côté très "factice" par rapport aux feu automates. Mais bon, c'est toujours la même rengaine et on va s'en contenter, vue la qualité générale. J'ai juste une grosse aversion pour les tenues moulantes directement issus des plus gros nanars de SF, notamment la combi spatiale bleue et orange. Juste... Beurk. Mais faut bien avouer que sur Charlize Theron... Baaaah voilà quoi. :)

Dites, êtes vous un androïde ?
Puisqu'on parle biaaatch... Heu actrice.. Enfin comédiens... Bref, marionnettes pour barbus à casquette. En gros, les premiers rôles sont hyper bien réussis, les seconds passent complètement à la trappe. Y'a 17 personnes dans l'équipage, j'ai pas la sensation d'avoir vu 17 vrais personnages. La moitié sert uniquement de chair à canon, d'autres font carrément office de figurants de série B de seconde zone (avec les blagues pas drôle et touti quanti).
Reste les têtes d'affiches qui sont par contre savoureux. Mention spécial à Michael Fassbender en androïde impeccable. Noomi Rapace, qui même si elle n'arrive pas à la cheville de Sigourney Weaver en Helen Ripley, assure son entrée dans la mythologie comme personnage fragile-mais-fort-mais-fragile-quand-meme. J'ai bien aimé la froideur de Charlize Theron et Idris Elba en commandant de vaisseau (le seul personnage dans ce foutu film à avoir un semblant de cerveau), même si ils sont un peu trop effacés à mon goût.

Lost in space...
Des personnages effacés ? Oui, la faute au scénario. A la limite entre le fascinant et le catastrophique. Signé Damon Lindelof, "monsieur Lost" éternel qui nous rejoue la rengaine du "je réponds à une question mais je t'en donne dix en échange". Ça peut plaire et ça peut même être grisant mais ça risque tout aussi bien d'être gavant et frustrant. Tout dépend de la façon dont on voit les choses. Ça c'est pour le côté fascinant. Maintenant, le côté catastrophique. Comme d'habitude dans les histoires de Lindelof, les personnages sont des laissés pour comptes, sacrifié sur l'autel du mystère. Ainsi, difficile de s'attacher à cette scientifique un peu âgé (sérieux qui se rappel de son nom ou même son existence dans le film ?) ou cet autre type, vous savez là ? (oui lui aussi on a du mal ne serait-ce qu'à le définir). Bref moins de personnages aurait été plus percutant. Ensuite le scénario comporte un nombre carrément dément d'incohérences (et pas que par rapport à Alien) et autres débilités qui rendent les choses peu crédible et incohérent. Vous allez me dire qu'on a l'habitude dans les films de SF, sauf que là on s'attendait à un autre standing de la part de papa Scott. Par exemple, on a affaire avec une équipe sensé être des pros qui, on imagine, ont un certain sens professionnel. Bah ici on se retrouve avec une belle bande de branquignole qui ont eu eu leurs diplômes dans des paquets de lessive. Sans déconner, quel scientifique enlève sa putain de combinaison en milieu inconnu juste parce que "c'est bon, c'est respirable". Et les risques d'infections ? Et je passe sur le traditionnel "on se sépare ok ?". Bref crédibilité de l'équipe, zéro. Là où dans Alien on avait affaire à des routiers de l'espace dont ce n'était clairement pas le boulot de jouer aux sauveteurs, ici on a des "experts" imposteurs (qui a dit "oui comme dans la vrai vie" ? :) ).
Je passe sur les thèmes philosophico-métaphysico-religieux et lien avec le mythe de Prométhée. Les interprétations sont multiples et chacun aura sa théorie foireuse.

Mais où sont mes xénomorpheeeeuh ?!
Le lien avec Alien ? Et bah il est finalement plutôt mince. Prometheus part sur l'explication du Space Jockey aperçu dans le premier film Alien mais ne donne finalement que peu de réponse. Un conseil, ne vous attendez pas trop à voir débarquer vos bêbêtes préférés durant le film. Prometheus explore sa propre mythologie tout étant très sensiblement liée à celle d'Alien.
Il y a certe quelques indications sur les xénomorphes mais tout reste de l'ordre de l'interprétation et chacun verra midi à sa porte. Et bien sûre, aucune théorie ne pourra prétendre être vrai tant il y a de possibles.
Ensuite le lien le plus fort reste celui de l'univers d'Alien. On retrouve la Weyland-Yutani Corp, le vaisseau du premier opus, le space jockey, des bestioles, un androide et autres codes spécifiques à la saga Alien. On a aussi droit à des clins d'oeil aux films des autres réalisateurs.
Mais tout ça reste finalement assez mince et on se demande, si un second épisode nous sera proposé, dans quelle direction il va aller. Car il faudra choisir entre développer une mythologie annexe ou au contraire renforcer le lien et s'incruster dans la logique d'Alien. Car oui, à un moment il faut choisir et un des problèmes de Prometheus est qu'il ne choisit pas, il a le cul entre deux chaises.

Conclusion
Malgré les grosses faiblesses de scénario, je n'ai pu m'empêcher d'aimer ce film de par tout le reste : réalisation, effets visuels, jeu des têtes d'affiches et mine de rien l'univers initié par le huitième passager et qui se développe un peu plus ici sans savoir où il va. On peut être facilement frustré par le manque de lien avec Alien et les mystères mystérieusement mystérieux mais j'avoue que ça n'a été mon cas. J'ai été aveuglé par l'esthétique générale délivré par R. Scott et fasciné par le puzzle artificiellement créé par Lindelof. Et même pire... J'en redemande (maso inside). A quand un second opus qu'on sache enfin what the fuck happened ?
saiyenara
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le 4 juin 2012

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