Ça faisait un bout de temps que je n’étais pas retourné sur ce film, du coup j’ai voulu profiter de l’occasion de la sortie de suite pour m’y atteler de nouveau. Et le premier résultat qu’on peut en tirer, c’est que non seulement le film fait partie de ceux que plus je revoie, plus j’y trouve des défauts ; mais également qu’il ne lui manque vraiment pas grand-chose pour être un classique. Techniquement, le film est superbe sur pratiquement tous les plans, que ce soit la musique de Marc Streinfield qui crée son propre univers, les effets spéciaux et la photo très soignées, les décors fabuleux et la mise en scène efficace de Scott pour capturer l’essence de son histoire. Le hic, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de cette essence.
Comme dans mes souvenirs, on est vraiment plus ancré dans un film de SF pure que de SF horrifique. Alors ouais, c’est peut-être légèrement gore à 2-3 moments, mais rien à voir avec la saga Alien. La première grosse moitié du film est vraiment très intéressante, car elle explore donc l’univers qui avait été à peine entraperçu dans le premier Alien puis abandonnée. On découvre donc ses Ingénieurs, ce qu’ils ont fait et ce qui leur ait en partie arrivée (car n’oublions pas que nous ne sommes toujours pas sur la planète du premier film). Toute cette partie exploration / découverte, avec tous ces petits clins d’œil ici et là, le build-up de cet univers… Tout ça fait qu’on se retrouve vraiment dans un véritable univers de SF et on se laisse entraîner assez facilement. Cependant, on commence déjà à déceler l’une des plus grosses errances concernant le scénario : le vide total de l’immense majorité des personnages.
Commence alors la deuxième partie du film, et ça part en cacahuète de tous les côtés : tout d’abord, le postulat de départ est comment buter tous les personnages sauf l’héroïne en moins d’une heure. Si Alien, le huitième passager avait très bien réussi ce coup, c’est un peu moins le cas dans Prometheus où, pour certaines morts, c’est vraiment poussif (on ne reviendra pas sur celle du personnage de Charlize Theron). On suit toujours le fil rouge du film, on comprend rapidement qu’on est sur une installation militaire plus qu’autre chose, et pas besoin d’un Idris Elba dramatiquement sous-exploité, dont le rôle se limite va se limiter à exposer ce qu’on sait déjà. Il n’y a aucun investissement de la part du spectateur, sans parler bien sûr des décisions stupides de plusieurs des personnages, ou les réactions complètement disproportionnés d’autres. Alors oui, notamment pour Charlie, on peut comprendre qu’il se prend la désillusion en pleine poire, mais le mec passe de suite de l’excitation à cette désillusion, sans réaliser qu’ils ont quand même réussi à faire un pas en avant assez conséquent.
La dernière ligne droite part complètement en sucette en revanche. Plus rien n’a de sens, on ne sait plus qui veut faire quoi, les décisions n’ont plus de logique. Alors en plus, le film part un peu sur du design intelligent doublé de créationnisme, mais non seulement ne va pas au bout de son idée, la laissant en plan, et puis à part une ligne de dialogue au début du film, n’essaye même pas de la mettre en confrontation avec le darwinisme ou simplement les convictions des personnages (au final, même Elizabeth, qui est croyante, ne se pose même pas la question).
L’histoire s’ancre donc bien dans l’univers d’Alien, même si c’est laborieux et qu’elle a énormément de mal à exploiter ses idées en s’embourbant dans des intrigues et/ou personnages pas forcément utile à l’ensemble. Pour ce qui est du casting, mis à part Fassbender qui joue son rôle non pas à la perfection mais avec efficacité, le reste alterne entre du très moyen (Rapace, Elba, Theron) à du vraiment pas terrible.
Bref, Prometheus est donc un film de SF en soit plutôt pas mal, mais qui doit beaucoup à son esthétisme presque sans faute et un début d’histoire ancrée dans la SF et intéressant. Mais dans l’ensemble, il est clairement un cran en-dessous de ces aînés (mis à part Résurrection qui restera sans doute à jamais le foirage en règle de la franchise), et laisse surtout un sentiment non pas de gâchis, mais d’essai raté, alors que le film en soit n’est pas mauvais. Il est juste très mal écrit.