"Invraisemblable" "scénario bâclé" "mythologie pourrie" "personnages interchangeables"...
On a tout entendu, mais pas l'essentiel.
On craignait un mauvais remake du Huitième Passager, et l'on s'est finalement plaint de découvrir un excellent prequel. Car la force de Prometheus est de prolonger l'univers esthétique et thématique d'Alien, de le subvertir sans en fourvoyer la nature, sans oublier de rétablir son élégance originelle. Et force est de constater que Scott y parvient grandement, on n'a pas vu de gros budget si intelligemment utilisé depuis des lustres. Décors construits en dur, utilisation limitée des CGI, découpage d'une classe et d'une ampleur trop rares... Prometheus est un festin visuel.
Quant aux personnages, ils sont, comme toujours dans Alien, superficiels quoique très bien caractérisés, à l'exception d'un seul, David, interprété par Fassbender. Et oui ! Noomi Rapace n'est pas, en dépit des apparences, le perso principal du film, puisque les enjeux, problématiques et rebondissement reposent quasi-exclusivement sur les épaules de notre bon droïde. Un retournement des plus retors, qui amène vers des considérations fascinantes.
Scott a déclaré récemment souhaiter fusionner les univers de Blade Runner et Alien, annonce qui en surpris plus d'un. Il ne fallait pourtant pas être voyant pour comprendre devant Prometheus que le processus était amorcé.
Une évolution cohérente et brillante, qui fait aisément pardonner un montage qui sacrifia des articulations essentielles du récit, notamment dans la deuxième partie du métrage, dont les scènes coupées auraient grandement gagné à être réintégrées.