Un grand-père qui construit une église à la campagne, son petit-fils qui va à la ville vendre sa vache et s'éprend d'une jeune fille, un duo de zozos chauves qui lui viennent en aide contre des mafieux proxénètes et zoophiles! Tels sont les personnages de cette farce serbe façon Kusturica dans laquelle le cinéaste décline une nouvelle fois son style burlesque fait de truculence et de paillardise, de poésie et d'inventions surréalistes.
Sur un rythme endiablé, épousant la BO pétaradante et typique qui emballe le récit, Kusturica construit une comédie baroque, émaillée d'outrances, peuplée de personnages exubérants qui donnent de la Serbie le reflet coloré d'un joyeux foutoir, bien éloignée de l'image négative, pour cause de nationalisme, qu'elle véhicule à certaines périodes..
Sa profusion rend le film assez brouillon, qui tarde à proposer une perspective d'intrigue, voire un dessein. Somme toute, la petite histoire qui réunit les personnages n'a guère d'intérêt pour elle-même. C'est pourquoi on a le sentiment d'un film certes singulier et libre mais un peu vain au-delà de l'excentricité des protagonistes. En fait, le film n'est jamais aussi plaisant que lorsque sa truculence et sa dérision l'apparentent à la comédie italienne de la grande époque.