Jérôme Garcin : Aujourd'hui je reçois au Masque pour vous présenter les sorties de la semaine Pierre Murat de Télérama, Sophie Avon de Sud-Ouest, Michel Ciment de Positif et notre cher Alain Riou du Nouvel Obs' et pour ne pas perdre de temps commençons tout de suite par l'excellent Protéger et Servir, une comédie française réalisé par notre ami Eric Lavaine, qui n'avait jamais rien fait d'intéressant auparavant, l'histoire de deux amis orphelins devenus policiers de campagne et qui, par une habile manœuvre de scénario, vont se retrouver agent de la brigade anti-terroriste au cœur d'un complot gouvernemental. Qui veut débuter ? Pierre ?
Pierre Murat de Télérama : Alors là, je ne vous étonne pas, j'ai trouvé ça magnifique, c'est le meilleur film de la semaine, et la réussite en revient avant tout à un jeu d'acteur grandiose, Kad Merad est excellent en commissaire catholique, chanteur, écrivain, il est là éblouissant de tout son génie. En vieillissant il semble attendre l'apothéose du jeu d'acteur, le James Steewart Français ! Et puis, il y a Clovis Cornillac...
Sophie Avon : Il faut absolument parler de cette scène où il fume de l'herbe, il joue le drogué, c'est grotesque, c'est grandiose ; on n'avait pas vu un trip, si vous me passez l'expression, aussi bien filmé depuis Easy Rider, Kad Merad c'est Jack Nicholson ! Cette scène face à face avec Carole Bouquet, impressionnant. Il fait le film, il faut le dire ; mais je te laisse reprendre Pierre sur Clovis Cornillac, je le déteste !
Pierre : Et puis, il y a Clovis Cornillac, en jeune policier sur les nerfs, orphelin, est parfait, il apporte à Kad Merad la fougue de la jeunesse, c'est Dean Martin et John Wayne qui se retrouvent à nouveau.
Alain Riou : Mais pas du tout Pierre ! Enfin, Cornillac est lamentable, il plomberait presque le film à lui tout seul ! Je vais encore avoir le rôle de vieux bougon, mais excusez moi je ne rajeunis pas, expliquez-moi, qu'est ce qu'il y a de drôle à ce flic pétomane, prétentieux, misogyne ?
Pierrot : Il faut voir le personnage dans son ambigüité, dans ses failles, le film a tout d'un parcours initiatique, on assiste à une évolution, à une métamorphose !
Le vieux qui fait du vélo : Il a quand même du mal à passer le stade de la larve !
Rire du public.
Jéjé, le maître de maison : Hihihi. Michel Ciment, un mot peut-être, sur les acteurs ?
Michel Ciment : Je suis comme Lainlain, j'ai jamais aimé Cloclo, j'aurais voulu retrouver le Clovis des Cordier, juge et flic, mais il s'essouffle, j'ai du mal à voir le papillon ; le cinéma lui réussit pas ; en même temps, une gueule pareille, un physique comme le sien, on est loin de Dean Martin ! Par contre, j'aimerai dire un mot des seconds rôles avec ce magnifique contre-emploi de Carole Bouquet en bourgeoise qui pue de la gueule !
S. Avon : On y revient ! J'attendais pour le reprendre, mais ce film est totalement misogyne ; entre la moche avec qui il sort et fait rire, la bourgeoise qui pue de la gueule comme tu le dis si bien, toutes les femmes sont laides, débiles ou méchantes !
Pierrot : T'exagères Sophie ! Il y a une histoire d'amour merveilleuse, courageuse, avec cette belle petite rousse !
Sainte Sophie : Tu parles, elle sert à rien, dès le début on le sait qu'il va réussir à la séduire ! Et on est déjà déçu du film ! Sorti de Kad Merad, il n'y a rien dans ce film !
Le comte Dracula : Un dernier pour la fin, peut-être sur le message politique.
Papy : Scandale !
Saint Pierre : C'est un film engagé ! Une véritable diatribe contre la sncf, les flics simulateurs qui tuent la sécu, une dénonciation de la corruption !
Papy rebelle : Et pourquoi pas le bon vieux curé ? Et le don pour réparer l'église ?
Le juge Jéjé : On va encore recevoir du courrier si vous racontez la fin, Alain ! Il faudrait pas gâcher le plaisir de nos auditeurs.
Papy fait de la résistance : Pour une fois que c'est pas Pierre Murat qui la raconte, j'ai le droit ; de toutes façons c'est une merde ! Il y a même des chansons, une chanson sur Jésus, avec une chorale d'enfant ! Lamentable !
Négatif : Faut quand même rappeler aux auditeurs que ce n'est pas vraiment un film à voir au cinéma, plutôt à cinq heures du matin, on ne peut pas fumer dans les cinémas. J'aimerai conclure quand même sur quelques perles, le générique final avant tout, et bien sûr François Damien, le comédien belge, en truand digne de Scorcese, Jamy Gourmaud, tout droit sorti d'un James Bond et le toujours excellent Lionel Abelanski !
Mlle Bulle : Qui aurait plutôt l'air de sortir d'un hôpital psychiatrique !
Rire du public.
Mesdames, messieurs, le Roi ! : Ca sera le mot de la fin, on aura pas eu le temps de parler un peu de l'introduction du film qui est un sacré moment de cinéma, et nous passons au deuxième film de la semaine, le décevant Casablanca d'Akira Kurosawa qui nous avaient beaucoup séduit l'année dernière avec son Citizen Kane !