Situé dans la filmographie d'Eric Lavaine juste entre "Incognito" et "Bienvenue à Bord", "Protéger et Servir" forme l'image en creux d'un film qui n'exista pas. Celui qui aurait dû mettre l'un en face de l'autre Franck Dubosc et Kad Mérad, deux mâles alpha de la comédie qu'on n'oblige pas comme ça à partager un plan.
Aussi "Protéger et Servir" ressemble-t-il à ces voyages mélancoliques que font en famille les hommes mariés dont le coeur ne se réchauffe plus qu'à l'incandescence insoupçonnée qu'y fait naître tantôt le prénom, tantôt le parfum d'une maîtresse adorée, demeurée là-bas, dans la ville grisâtre, mais qu'ils donneraient tout pour rejoindre. On ne se demande plus alors pourquoi, jusqu'à la veille du premier jour de tournage, Eric Lavaine refondit sa comédie policière en vibrant hymne à l'amitié. Trop vite écrit ? Trop seul ?
Franck Dubosc, "Protéger et servir" crie ton nom à chaque plan ! Et s'il fut mal accueilli, c'est parce qu'on ignora quel film de deuil il était, quel lamento désaccordé, quel tombeau, enfin, pour un film mort-né.