Loin de la tension et de la violence confinées de son précédent long-métrage, le remarqué Maryland, Alice Winocour vise avec Proxima l'intime par la description sensible d'une femme aux triples casquettes ; femme, mère et astronaute sur laquelle la planète a les yeux tournés.
La narration est donc double dans ce film qui balance (et mêle souvent avec de manière réussie) entre une démonstration quasi documentaire de la préparation des astronautes (les exercices, la pression médiatique, la violence des efforts et tests physiques) et la gestion d'une vie de famille, la préparation à une séparation longue et risquée d'avec son enfant, dans un jeu constant d'échelles : l'infiniment intime d'une relation mère-fille et du corps de l'astronaute et l'infiniment grand qu'est la destination spatiale du voyage, dualité qui rappelle les films de science-fiction actuels (Ad Astra, First Man, Interstellar, Moon, Seul sur Mars, et autres)


Le ton et la mise en scène sont très discrets, pudiques, à l'image de la musique toute en nappe de Ryūichi Sakamoto (on remarquera qu'Alice Winocour sait toujours bien s'entourer en matière de musicien, Sakamoto succédant à Gesaffelstein et le duo français Agar Agar concluant le film).
On a parfois l'impression devant ce film sans génie et plein de maladresses, au montage parfois défectueux, que la réalisatrice veut dire beaucoup sans jamais y parvenir et cède régulièrement à une excitation presque enfantine, ce qu'on pourrait comprendre, puisqu'elle a eu libre accès, et c'est chose rare, au centre des astronautes de Cologne, à la Cité des étoiles de Moscou et au Cosmodrome de Baïkonour, réussissant à filmer en "live" le décollage d'une fusée, et qu'elle a réussi à convaincre un casting international impressionnant pour un film de cette échelle).
Le film se regarde donc sans grand intérêt et paradoxalement sans grand désintérêt non plus (il passionne presque dans son aspect documentaire focalisé sur l'entraînement des astronautes). Glissant tranquillement, sans accroc, mais demeurant toujours anecdotique (à l'image de sa fin qui résonne presque comme un aveu d'échec), il n'émeut que rarement.
Si l'on sent l'évident plein investissement de la réalisatrice et de son actrice principale (Eva Green, dans un rôle physique qu'elle incarne parfaitement bien), ce film aux faux airs de voyage dans des lieux à l'aura mystérieuse, comme témoignage de son propre tournage, est long mais bien écrit, parvenant à tenir sur sa longueur malgré son rythme inégal, n'ennuie jamais mais ne convainc pas pleinement pour autant, réussissant malgré tout l'exploit de retenir notre attention et d'éviter de nombreux écueils.

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le 29 avr. 2021

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Charles Dubois

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