Il y a pourtant plusieurs éléments du film qui sont extrêmement intéressants : d'abord la plongée dans le monde gris bleu de l'ESA (European Space Agency), dont on découvre les rouages « pre-ignition ». Filmé sans doute dans les vrais sites en France, Russie, et au-delà des images d’Épinal de la NASA, la très belle photographie supporte cette immersion (haha) dans ce monde austère anti bling bling, fait d’entrainement, de compétences scientifiques et de sacrifices.

L’utilisation des langues originales (Français, Américain, Russe et Allemand) est courageuse aussi : c’est un plaisir de les entendre jongler dans leur vie professionnelle quadrilingue et participe à la compréhension de la difficulté de cette formation technique, physique et aussi linguistique (note : Thomas Pesquet a dans une récente interview fait part que la plus grande difficulté de sa formation d’astronaute fut de suivre toutes les instructions en Russe à Baïkonour). La relation à la langue des personnages et leur relation à « l’ Enfant aux deux langues » (en référence à Claude Hagège) est parfaitement amenée, notamment dans cet appel où Sarah appelle sa fille qui lui répond désormais en allemand alors que leur langue par défaut était jusqu’alors le français.

Eva Green enfin délivre une très belle prestation, toute en nuance, malgré un texte assez répétitif et un scénario qui nous emmène vers une conclusion attendue, en nous baladant sur nombre de fausses pistes, la dernière étant la plus ridicule de toutes.

Là où le film rate son décollage est d’abord paradoxalement (et c’est pourtant agréable à l’œil) sur l’utilisation du physique d’Eva Green : le film est résolument féministe et alors qu’on peut souscrire à sa thèse, quel besoin de montrer au moins 3 fois les seins de l’actrice (ou sa doublure) - pour donner quelque chose au public mâle peut-être ; c’est inutile et déplacé. Le film échoue à nous convaincre de son message qui est répété en boucle de la mère séparée (on ne comprend pas non plus pourquoi, les parents ont l’air de si bien s’entendre) qui lutte pour combiner vie professionnelle et personnelle, en tant que femme et mère. Cela a déjà été raconté au cinéma et de manière plus convaincante.

Matt Dillon et son rôle de macho-américain-finalement-sensible sont également caricaturaux, comme plusieurs rôles secondaires notamment féminins, la petite Stella incluse à qui on donne des répliques de moins en moins crédibles : ces personnages se répètent le long du film, dans différents endroits de la planète et des bases spatiales et on est finalement contents de pouvoir retrouver les décors de fusées et autres stations spatiales plus convaincantes que les acteurs.

JPEvisa
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le 13 janv. 2024

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