Un film sur l'univers carcéral en Corse n'est pas nécessairement une proposition réjouissante de cinéma. Stéphane Demoustier et sa troupe d'acteurs convaincants réussit à nous entraîner dans ces mondes parallèles: la prison d'abord, la Corse hors des sentiers battus (GR20) et son univers de gangs mafieux (comme par exemple la trop fameuse Brise de Mer). Les habitués de l'île de Beauté auront noté des étranges raccourcis topographiques: Melissa travaille à Borgo (près de Bastia, lieu du crime) et vit à Ajaccio (3h30 de voiture). Peut-être est-ce pour contenter les deux villes. On apprécie la plage du Liamone, sans coucher de soleil romantique.
On est vite pris dans cet univers où les "détenus surveillent les matons" et où l'engrenage de la violence prend le visage enfantin d'un si beau et charmant jeune homme (Saverio). Les Corses quinquas sont tous nettement moins sympathiques (et quelque peu caricaturaux) mais néanmois bien joués, comme tous les seconds roles au demeurant (matons, flics, détenus, mari, et autres petites frappes). Melissa est quant à elle, omniprésente, il y a peu de scènes où on ne la voit pas, et sa performance est remarquable.
En bémol, on a du mal à comprendre le point de départ qui lance l'engrenage, où comment cette Melissa (dont on chante si bien le prénom en prison, version Corse) se fait prendre au jeu. S'il on veut bien oublier ce raccourci filmique, on voit un film intéressant, prenant et qui donne envie de connaitre le fin mot de l´histoire dont il s'inspire.
* il ballo del mattone est une chanson italienne de Rita Pavone, cf le film "9 Reinas"