Stéphane Demoustier, même si sa carrière est loin d'être terminée, ne figurera sans doute jamais dans le livre des plus grands réalisateurs du cinéma français mais force est de constater que chacun de ses films (Terre battue, La fille au bracelet ...), dont aucun ne ressemble au précédent, présente un véritable intérêt. La remarque vaut aussi pour Borgo, dont le scénario s'inspire de faits réels, lesquels n'ont toujours pas été jugés à l'été 2023. Une grande partie du film se déroule dans le centre pénitentiaire éponyme du titre du film, à 15 km au sud de Bastia. Une prison telle qu'on en voit rarement au cinéma, de par son statut de "milieu ouvert" et où il se dit que ce sont les prisonniers qui y surveillent les gardiens, et non l'inverse. Le film part sur deux récits parallèles, mais légèrement décalés dans le temps, dont on se doute qu'ils se rejoindront à un moment ou à un autre. Un personnage de matonne, interprétée par une Hafsia Herzi remarquable, prend la plus grande place, entraînée dans une mécanique infernale, et dont la psychologie et la motivation de ses actes gardent tout entier leur mystère. Très simplement, avec un savoir-faire sans esbroufe, le réalisateur fait monter la pression et nous offre un visage de la Corse et de ses violences, qui ne semble pas si éloignée de la réalité mais il faudrait demander aux insulaires ce qu'ils en pensent. Quoi qu'il en soit, Borgo peut déjà être considéré comme le meilleur film réalisé par le grand frère d'Anaïs Demoustier, captivant de bout en bout.