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J'ai vu, bien après sa sortie, cette Anatomie dont on avait tant parlé, qu'on avait envie de ne pas apprécier. Le bruit médiatique autour de la Palme d'Or semblait incompatique avec une affiche qui ressemble à une photo ratée au flash d'adolescents éméchés.

Et pourtant. Dès les premières images, on est surpris par des plans originaux, d'une balle et d'un chien; la caméra à la Lars Von Trier évite pourtant les clichés et répétitions qui rendent parfois les films de Lars Von Trier irritants. La musique est utilisée à bon escient, en tant que bande son mais aussi comme personnage additionel d'importance capitale: le piano d'Albeniz et de Chopin et bien sûr cette musique entrainante du rappeur 50 cent diffusée en boucle et d'une violence infinie de par son caractère répétitf et de son volume sonore, dès la toute première scène.

Combien de cinéastes réussisent à utiliser les flashbacks à bon escient? Et mélanger une voix en bande son présente et une image du passé; je n'en dis pas plus pour ne pas divulgacher mais cette scène de voiture est remarquable par sa construction, la violence de son propos et l'importance dans le récit du film. Elle rappelle à cet égard la scène des deux frères en voiture dans le film de Xavier Nolan "Juste la fin du monde".

Les acteurs sont parfaits dans leurs roles, l'enfant absolument remarquable, bravo à lui, et Snoop (Messi dans la vraie vie) le chien, bouleversant lui aussi.

On a vu une floppée de films avec des scènes de tribunal, Hollywood en ayant fait une marque de fabrique. Il me semble que ce film pourra damer le pion aux plus grands. On est tellement proches des avocats, tellement convaincus par chacune (!) leurs plaidoiries. Le film n'est pas manichéen non plus et réussit un rare pari de nous faire vivre de l'intérieur la vie de ce couple qui nous entraine dans sa chute pour mieux nous en libérer. La (ou les) sexualité(s) des personnages est aussi traitée avec une rare délicatesse, sans tomber dans les commentaires moralisants actuels.

La langue ou les langues des acteurs joue aussi un rôle important, et même si ce n'est pas la première fois au cinéma, là encore, la langue devient un autre personnage à part entière. Justine Triet joue avec des acteurs invisibles et des personnages qui ne sont pas tous en chair et en os.

Il est enfin aussi assez rare de voir un film traiter habilement de la littérature comme autre personnage: la mise en abîme à la Mohamed Mbougar Sarr, d´un film sur l'écriture littéraire, l'autofiction apporte une autre raison de voir ce très beau film.


À voir sans hésitations.

JPEvisa
9
Écrit par

Créée

le 16 févr. 2024

Critique lue 12 fois

JPEvisa

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