C'est marrant de faire un film sur la bipolarité mais de ne jamais prononcer le nom de cette maladie (au lieu de ça, on parle de dépression)*. M'enfin on s'en fout,j le principal c'est d'avoir pu voir les nichons de Ricci, même si à l'époque elle avait déjà un peu trop fondu à mon goût (ah il est loin le temps de "Buffalo '66" ; rassurez-vous, c'était avant "Black Snake Moan", sa poitrine était donc encore bien fournie).


Je ne suis pas sûr que raconter une telle histoire par le biais de ce médium soit le plus adéquat. En roman (le film est d'ailleurs l'adaptation du bouquin du même nom) ou en BD, je dis oui, mais en film, ça passe moins. Le premier problème, c'est qu'on ne sait pas trop où on va. Pourtant les premiers symptômes de la maladie nous sont montrés à la 25ème minute, donc on est dans les temps (ce bon vieux Yves Lavandier préconise d'établir les enjeux et surtout l'objectif principal dans les 20 premières minutes - et je suis tout-à-fait d'accord avec lui) ; ce qui dérange, c'est que rien ne nous y prépare. J'ai même envie de dire que tout ce qui nous a été présenté auparavant n'a que peu d'utilité dans le film tant les raisons de la maladie seront développées plus par les futurs flashbacks que par ce qui nous a été montré jusque là. On va dire que ça sert surtout à présenter les personnages secondaires (même le perso de Jason Biggs apparaît furtivement et ne reviendra que 20 bonnes minutes plus tard).


Autre souci, on adopte le point de vue de la malade. Il n'y a pas vraiment d'objectif principal si ce n'est aller mieux. Mais comme l'explique si bien Yves Lavandier, un tel objectif ne suffit pas, car ce n'est pas assez concret ni assez unique. Il aurait été intéressant, par exemple, de garder en ligne de mire ce texte qu'elle doit écrire pour le Rolling Stone Magazine, mais cette idée est vite mise de côté afin de se concentrer sur les crises, les hauts et les bas de la jolie Elizabeth (ça me rappelle que j'ai été amoureux d'une Elizabeth, mais, croyez-le ou non, elle a toujours refusé mes avances). On y assiste donc, sans vraiment avoir d'attente. Des petites choses se creusent avec son petit ami, avec sa mère, avec son amie. Mais le spectateur subit plus qu'il ne participe au film.


En même temps cette domination du sujet fait la force de l'histoire ; en effet, le spectateur se prend d'un vicieux voyeurisme, il ne veut pas rater une miette de ces disputes, de ces moments de profondes détresses suivies d'imprévisibles remontées de bonheur. Les piques que l'héroïne balance sans qu'il n'y ait de logique, c'est désagréable car ça ne donne pas du tout envie d'aimer le personnage (puisqu'on ne comprend pas pourquoi elle agit de la sorte, ça paraît aléatoire, imprévisible) mais en même temps, c'est un peu comme quand on assiste à une agression en rue depuis sa fenêtre dans un HLM : on regarde jusqu'au bout.


Les qualités du film ne s'arrêtent pas à ça, heureusement. Comme je l'ai dit, les relations avec les autres personnages sont plutôt intéressantes. Mais tout cela semble bien incomplet. Tout comme le développement narratif autour de la maladie. C'est pour ça qu'un film ne peut pas rendre justice à cette histoire : c'est trop court. Et en faire un métrage de 3h n'aurait absolument pas rendu service à l'auteur et encore moins au spectateur qui se serait littéralement arraché les globes oculaires de par saturation.


La mise en scène est plaisantes. J'aime beaucoup le jeu de lumière. J'aimerais bien qu'on refasse des films comme ça aujourd'hui. Où le blanc est blanc. De nos jours, les réalisateurs (pas tous heureusement, mais j'aime bien généraliser) ne jurent que par les filtres. Soit du jaune, soit du sépia, soit du bleu, ... le blanc c'est bien aussi. L'on remarquera quelques ambiances sympathiques : les effets de montage ne fonctionnent pas toujours, mais le choix sonore est plaisant, il est simplement regrettable que l'image ne soit pas plus travaillée, en partant par exemple, de manière très clichée, dans un jeu de couleurs à la Refn.


Les acteurs sont très bons. Déjà, les seins de Ricci jouent vraiment bien. Malheureusement, on ne les verra qu'au début du film. On apercevra ses petites fesses en culotte quelques fois, la plupart du temps elle portera son jeans. Ses fesses sont un peu trop plates pour moi mais bon, je le mangerais bien quand même, je pense. On aperçoit quelques millimètres de sa foufoune (entendez par là quelques poils) lorsqu'elle montre ses seins. Sinon, le reste de son corps joue assez bien ; je n'y avais jamais réfléchi, mais j'ai l'impression que la petite Ricci a enchaîné pas mal de rôle de composition fort qui auraient mérité d'être remarqués dans des festivals. Enfin, ptet pas pour ce film-ci : elle joue bien en général, mais à certains moments, elle était un peu fausse, comme quand elle fait sa bourrée chez sa mère. Y a Michelle Williams : c'était avant sa période anorexico-premier rôle, phase par laquelle beaucoup d'actrices passent, c'est donc agréable de la regarder (malheureusement elle met trop de vêtements, mais sa bouille est tellement mignonne qu'on lui pardonne sa frilosité). Y a Biggs : il est sympa dedans, il ne fait pas son empoté habituel, mais on le sent un peu nerveux. Je me demande si c'est grâce à ce film que Woody les a choisis pour "Anything Else". Jessica Lange est quant à elle parfaite, la diva du film. Sa prestation est vraiment impressionnante.


Bref, "Prozac Nation" est un cas un peu particulier : la narration fait clairement défaut, ne laissant que peu de temps pour aborder une maladie complexe, mais en même temps, le sujet est si fort qu'on se laisse prendre au jeu du voyeurisme un peu malsain, à savoir se complaire dans la détresse d'un personnage en perpétuelle auto-destruction.


*Je me suis renseigné. Parce que bon, je me suis dit que peut-être le terme bipolaire n'avait été inventé que récemment ; autant l'idée que diégétiquement les personnages ne soient pas au courant me paraissait plausible, autant celle que le réalisateur, en 2000, n'ait jamais entendu parler de ça me paraissait plus discutable (même si à la sortie du bouquin l'auteure ne savait pas, depuis elle a dû savoir et puis c'était un peu le rôle de la production de mettre à jour afin que l'information, puisqu'il s'agit surtout d'un film informatif, passe mieux). Et bien non ! Le terme a été inventé en 1960 afin de distinguer les troubles unipolaires et les bipolaires. Quant à la conception de cette maladie, elle a été définie plus ou moins comme nous la connaissons aujourd'hui en 1899 sous le terme de maladie maniaco-dépressive.

Fatpooper
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le 17 juin 2016

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