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Alfred Hitchcock, avec son demi-siècle de carrière et ses 53 longs métrages, est ce que l’on peut appeler un monstre du cinéma. Le réalisateur britannique, souvent surnommé The Master of Suspense, réussit le passage du cinéma muet au parlant, fit jouer un nombre incroyable de grands acteurs de son époque et acquit une réputation de légende bien qu’il ne remporta jamais un Oscar de meilleur réalisateur. S’il y a bien un film qui vient à l’esprit en parlant d’Hitchcock, il s’agit de Psychose. Alliant les recettes magiques du réalisateur : un méchant qui crève l’écran (« Meilleur est le méchant, meilleur est le film » disait-il), une héroïne blonde, un MacGuffin (l’argent dérobé) qui est l’élément déclencheur du scénario entraînant l’héroïne dans ses péripéties et qui au final se révèle être sans grande importance, ainsi qu’un suspense haletant.


Marion Crane n’a pas la vie qu’elle souhaite. Secrétaire dans un cabinet d’affaire à Phoenix en Arizona, amoureuse de Sam, petit commerçant sans le sou à cause de la pension alimentaire qu’il doit verser à son ex-femme, le destin semble lui tendre les bras lorsque son patron lui confie 40 000 dollars à amener à la banque. La tentation étant trop grande, Marion prend la fuite avec l’argent et part en direction de Fairvale pour y rejoindre Sam. Surprise par une pluie battante, elle se voit contrainte de s’arrêter à un petit motel en bord de route, le Motel Bates. Le gérant, Norman Bates, l’accueil avec courtoisie. Mais le timide jeune homme semble être étouffé par la présence d’une mère tyrannique. Le séjour de Marion au Motel Bates va se révéler être bien plus qu’une anecdotique étape de nuit…


Le casting s’articule autour de deux personnages. Norman Bates, interprété par un excellent Anthony Perkins et Marion Crane incarnée par l’étoile montante d’Hollywood que tout le monde s’arrache, Janet Leigh. Malheureusement pour Perkins, le rôle Norman Bates lui conféra une renommée internationale mais le fit prisonnier de son personnage de la même manière que Mark Hamill pour Luke Skywalker. Sa carrière ne décolla pas, en dehors d’un premier rôle dans Le Procès d'Orson Welles, et se terminera dans les années 80 par les trois suites de Psychose où il interpréta le rôle de… Norman Bates.


La mise en scène, la façon habile de suggérer, l’exploration des méandres de l’esprit humain, sont les grandes qualités du cinéma hitchcockien. Dans Psychose, The Master of Suspense dévoile un twist phénoménal au bout de seulement 20 minutes de films, la scène de la douche. Cette scène mythique qui aura demandé 1 semaine de tournage (la légende dit que Janet Leigh aurait la peau fripée prématurément à force d’être constamment mouillée) pour 45 secondes de films découpées en 70 positions de caméras. À ce moment, le spectateur comprend qu’Hitchcock jouait avec lui depuis le début en multipliant les indices et les fausses pistes.


L’incroyable culot du réalisateur de faire mourir son héroïne après seulement 20 minutes de film est époustouflant. La suite du film, prenant des allures d’enquête menée tour à tour par le détective Arbogast puis par Sam et Lila, sœur de Marion, sera riche en rebondissements, mettant peut à peu à nu la folie et la schizophrénie du gérant du motel.


Et il y a ce décor, farouchement planté au bord de la route avec ce petit motel miteux surplombé par cette imposante et lugubre bâtisse qui semple avoir été construite pour épier ce qui se passe en contrebas. Le côté pittoresque du motel avec ses chambres en rez-de-chaussée donnant directement sur le parking qui le sépare de la route, et l’aspect lugubre de la maison donnent au lieu une singularité inquiétante. Donnant une excellente qualité photographique au film, on sent que la disposition du lieu a été un élément clef de la pré-production.


Psychose est sans conteste un chef d’œuvre du suspens, pierre angulaire de l’œuvre hitchcockienne et pour ainsi dire, du cinéma. Un film qui restera sans aucun doute intemporel.

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le 26 sept. 2016

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Vincent-Ruozzi

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