Allez à la douche !
Parfois il faut s'y prendre à plusieurs reprises pour voir ce qu'une œuvre a dans le ventre. Surtout quand celle ci est sur-vendue, associée à une pléiade d'hommages et parodies diverses et variées...
le 26 mai 2014
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En 1959, pendant la post-production de La Mort aux trousses, Hitchcock n’a aucune idée pour son prochain projet. Il a l’habitude de feuilleter la rubrique « Livres » du magazine New York Times. Après avoir lu une excellente critique du roman Psychose, il demanda à Paramount Pictures si un scénario était en préparation : le studio n’avait rien rédigé et ne possédait pas les droits. À l’aéroport, pour un voyage en Angleterre, Hitch acheta un exemplaire du livre qu’il lut dans l’avion. À son arrivée, il appela sa secrétaire : « Je tiens notre prochain projet, Psychose. »
Le scénario débute avec Marion et Sam qui viennent de faire l’amour, ils sont en sous-vêtements sur le lit. La scène est sensuelle et renforce leurs relations. Le ton du film commence donc, par de la romance. Pendant la fuite de Marion, l’angoisse monte et avec le meurtre on se retrouve dans la noirceur, le voyeurisme, glauque et du cru. Puis le grotesque, quand Norman révèle son vrai visage. Les enjeux sont : de trouver un moyen de s’enfuir s’en être vu et de retrouver Marion après sa « disparition ». L’argent volé est uniquement un MacGuffin (technique chère au réalisateur), un prétexte pour faire avancer l’histoire. Le rythme est soutenu et les scènes sont très bien écrites.
L’intrigue est légèrement différente de celle du roman : l’histoire ne débute pas avec Norman mais avec Marion + l’apparence des personnages (que je développe sur le paragraphe consacré à Norman), mais la fidélité est présente et garde les grandes lignes des scènes. Les thématiques traitées : des relations mère-fils, de la schizophrénie, la psychose, la nourriture, la mort et le sex, ect.
Au début du film, Marion Crane, discute de son avenir avec Sam son amant, dont le fait qu’il doit rembourser ses empreints. Très vite, Marion doit retourner à son travail. Ayant une frustration, à cause de sa vie qui stagne, de ce long remboursement, et elle craque et vole 40. 000 dollars. La jeune femme n’est pas une bonne voleuse, elle a du mal à maîtriser ses émotions et est maladroite. Ce qui n’est pas dans sa nature, elle sent quelle à quelque chose à se reprocher. Le stresse lui fait imaginer ceux que son patron doit dire après son absence et la disparition de l’argent. Après une très longue route, ponctué un contrôle par un policier (qui la suit jusqu’au magasin de voitures) et l’échange de sa voiture, elle s’arrête dans un motel. À l’intérieur, elle fait la connaissance du gérant Norman Bates. Janet Leigh est excellente, son jeu est tout dans le regard et les gestes, malgré sa présence courte (moins de 40 minutes). Son meurtre touche le spectateur.
Sam Loomis se fait du souci pour Marion, après sa disparition. Il est aidé par un détective et la soeur de Marion pour la retrouver. C’est un homme assez intelligent mais qui a du mal à prendre tout logiquement. John Gavin est bon.
Lilia Crane, la soeur de Marion, va demander de l’aide à Sam, puis un détective va les rejoindre. Ensemble, ils vont tenter de remonter les traces de Marion. Vera Miles signe une excellente prestation.
Milton Arbogast est un détective engagé par un riche texan, après le vol. Il va interroger l’entourage de la jeune femme pour la retrouver, son enquête va l’amener chez Bates Motel… Heureusement, grâce à sa disparition Sam et Lilia vont aller au motel. Il à du flair dans Martin Balsam est crédible.
Mr Lowery, le patron de Marion, dont le client a qui l’argent a été volé, engage un détective. Vaugh Taylor est bon.
L’apparence de Norman Bates est l’exact opposé de celle du roman : Il est mince, séduisant, ne porte pas de lunettes, est jeune et a des cheveux. Sa passion n’est pas la même : il aime empaillé les oiseaux et il bégaie. Ses modifications améliorent grandement le matériau d’origine. La première fois qu’on le voit, il est vulnérable et dégage de l’empathie. Bates est convaincu que sa mère n’est pas folle et que ça arrive à tout le monde de perdre pied. C’est quelqu’un de très sympathique au premier abord, quand il révèle son vrai visage à la fin le spectateur est surpris et horrifié. Il a tué sa mère et sa psychose lui a permis de « l’incarner » avec des vêtements féminins. Sa personnalité est également très enfantine, il a d’ailleurs des jouets dans sa chambre. Anthony Perkins est remarquable et très juste dans son jeu, malheureusement ce rôle freinera sa carrière et tout le monde l’associra à Norman Bates.
La mise en scène est excellente, elle alterne : les plongés, contre-plongés, vue subjective, zoom avant et arrière, gros plans, plan large, plan-séquence, plan serré, panoramique et voix-off. Les acteurs suivent le rythme de la caméra pour jouer. Toutes ses techniques sont utilisées avec brio et subtilité, et elles se basent sur les émotions des acteurs ou des spectateurs. Le cadre est important et le montage fluide, habile et remarquable. Janet Leigh a eu une difficulté sur le tournage : la scène où son corps est au sol, puis un zoom avant est utilisé vers son oeil, à ce moment elle a eu du mal à ne pas cligner des yeux. Le concepteur du générique Saul Bass, a dessiné énormément de storyboard qui ont beaucoup aidé le réalisateur pour concevoir les plans et où placer l’angle de la caméra.
L’excellente photographie renforce le noir et blanc et l’ambiance du film.
La maison des Bates surplombe le motel qui est relié par des marches. L’habitat dégage une ambiance gothique très anxiogène. Le reste des décors est crédible et bien fait. Les costumes sont réalistes et fidèles à chaque fonction des personnages.
Les effets spéciaux sont très limités : les scènes tournées dans la voiture avec un écran derrière qui diffuse des images de la route. Le son est important, surtout la scène de la douche : le son obtenu pour lea scène où Marion est poignardé, a été créé grâce à un melon.
La bande originale culte de Bernard Herrmann est composée uniquement avec des cordes. Cette B.O. est remarquable, elle renforce avec brio l’angoisse, le mystère et la terreur du film, et elle joue avec nos nerfs. Mes pistes (parmis les quarante) préférés : 1. « Prelude »,5. « Temptation », 6. « Flight », 10. « The Rainstorm », 12. « The Window », 14. « The Madhouse », 15. « The Peephole », 17. « Murder », 22. « The Murder », 23. « Cleanup », 24. « The Swamp » 26. « The Sadow », 27. Phone Booth », 29. « The Stairs », 31. « The First Floor », 36. « The Toys », 38. « The Cellar », 39. « Discovery, ». « Temptation », « Flight », « Murder » ou d’autres pistes, sont réutilisées avec intelligence tout au long du film. Pour « Flight », la musique se développe et monte dans les aigus au fur à mesure de son utilisation.
Psychose est un chef-d’oeuvre qui vieillit très bien et qui tient toujours la route plus de 60 ans après sa sortit. Je vous le recommande si vous ne l’avez pas encore vu.
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Créée
le 11 févr. 2019
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