Une première.

La scène de la douche peut aller se rhabiller. Hop, un plan sur la maman qui tend son couteau à gibier comme une baguette magique (Expelliarmus! -pour 2728XX), hop un plan sur Janet qui accuse le coup avec un petit déhanché un peu groovy. Non, franchement? Certes, haute conception du montage, montrer sans montrer, mais était-il besoin d'en faire tant? Le plan sur l'oeil-visage est magnifique, et l'eau qui tourbillonne, hélicoïdale à donner des Sueurs Froides (ouais, je cite Rohmer, ça te pose un problème?). Ca, c'est merveilleux. Le meurtre en lui-même est bien vu, mais un brin mal fichu à mon goût. Je comprends l'ingéniosité, les beautés, mais n'arrive pas à les digérer. Le couteau en plastoc, là... Et puis, presque trop facile de faire du chant-contrechant (c'est mieux écrit comme ça). Alors, oui, le type a tout inventé. Et faire du fait divers une "geste", voilà qui m'a plu. Mais que cette scène fasse le génie de Psychose, non.

Par contre avant cette scène, après cette scène, je retrouve un Hitchcock que j'affectionne tout particulièrement.

D'abord, le point de vue surpris et surprenant, qui change et rechange. Moins bien élaboré que dans Vertigo (pouvait-on faire mieux), il reste, comme dans Vertigo, un, sinon LE, moteur de l'effroi. J'ai eu envie de hurler, ça oui, quand Anthony Perkins, jusque là personnage secondaire, soulève un tableau, et observe par un petit trou du mur celle que l'on croyait la conscience active du film. Tout comme l'admirable scène de réminiscence de la brune dans Vertigo. Hitchock, ou le génie de la surprise, et pour ce faire nul besoin de couteau à gibier. Seulement, il y a là moins de profondeur que dans Vertigo, pure merveille parce qu'il offre les éléments de résolution de l'intrigue dès le milieu du film. Ainsi, en s'occupant un peu moins de courir sans relâche après le twist final, les personnages affleurent presque hors de l'écran. Dans Psychose, on n'en est pas là.

Puisque je pense à Vertigo, Psychose repose lui aussi sur un petit "truc" que j'adore, la perturbation de la structure classique de narration. Comme dans L'Aurore: on croyait que tout le film ça allait être "cela", mais en fait, non. Admirable première partie, la meilleure du film, où l'on suit Janet Leigh dans sa peur et son désœuvrement! C'est là que le thème lancinant de Hermann peut jouer plein jeu! En regardant Psychose, j'ai compris ce qui pouvait avoir entre autres attiré Truffaut chez Hitchcock. La première partie, mélange éblouissant de La peau douce et de La mariée était en noir. A bout de souffle aussi. Et Week-End. Ce ne sont pas toutes mes oeuvres préférées. Mais j'ai compris un peu plus ce que Hitchcock pouvait avoir de fascinant pour les jeunots français des années 1960. Le vide, la ville, la voiture, les chambres d'hôtel, le mal-être, les histoires éphémères.

Hitchcock, puis je regarde, puis j'ai envie de le tirailler partout, entre Proust, Rohmer, Truffaut, etc. Chouettos!




Hélice
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le 19 oct. 2011

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