Quelle audace il fallait pour oser donner une suite 23 ans après au chef-d'oeuvre de Maître Hitchcock ! Je me souviens quand le film est sorti, il avait déclenché la fureur de puristes irrémédiables qui face à cette idée de suite à Psychose, poussaient des hurlements d'indignation en prétendant que c'était scandaleux de toucher à un film intouchable. Personnellement, je me souviens avoir été surpris, mais comme j'étais encore très jeune, je n'ai pas été scandalisé, plutôt curieux. Revu aujourd'hui, je me conforte même dans l'idée que après tout, "pourquoi pas ?", surtout quand je vois le remake insipide Psycho sorti en 1998 qui repompe le film d'Hitchcock plan par plan ; l'idée n'est donc pas si nulle, je trouve même le projet attirant parce que là, ce n'est pas un bête copié-collé, mais une vraie suite. Après tout, le roman de Robert Bloch a connu une suite, signée par Bloch lui-même : Norman s'y échappait de l'asile où il était enfermé, ici, il est déclaré guéri, et il y a eu quelques modifications.
Tout y est , le motel Bates, la maison, sa cave, sa chambre etc... la couleur en plus, et la maison est d'ailleurs mieux exploitée, mais Richard Franklin s'en sort très honorablement, même s'il sait pertinemment qu'il sera comparé au Maître. Multipliant les effets et les surprises, gonflant le suspense de certaines scènes, évitant de trop sacrifier aux scènes sanglantes à la mode dans les 80's, il prend bien garde de ne pas répéter les séquences marquantes de Psychose, même s'il fait croire qu'on s'y attend (une scène de douche notamment, mais différente). Cependant, il ne peut s'empêcher de rendre hommage à Hitchcock et à sa technique, en repiquant ses cadrages et ses plans, tout en maniant sa caméra avec dextérité.
On se doute que l'horreur va recommencer, mais tout l'intérêt est de savoir où, quand et comment. Le film a le mérite de s'émanciper suffisamment du style du film originel, sans pour autant être en rupture avec lui, et je gage que le twist final pourra surprendre, il permettra à Anthony Perkins qui retrouve son rôle majeur de Norman Bates après 23 ans de réaliser lui-même un Psychose III en 1986, qui sera d'ailleurs moins réussi. En attendant, ici, auprès de lui et de Vera Miles qui elle aussi retrouve son rôle, on apprécie la délicieuse Meg Tilly et le toujours excellent Robert Loggia. Seule la musique n'est pas à la hauteur de la partition mythique de Bernard Herrmann ; plus discrète, elle est composée par Jerry Goldsmith qui fait un peu du Herrmann sans l'égaler, mais ce n'est pas bien grave, car on suit avec intérêt ce film captivant, bourré de références en clin d'oeil au chef-d'oeuvre d'Hitchcock.